Annoncé en grande pompe par le Président de la Transition, pendant les vœux de nouvel an, le dialogue inter-maliens est désormais rentré dans sa phase active avec la tenue, dans les régions du pays, des pourparlers entre les gouverneurs et les autorités traditionnelles. Pour favoriser sa réussite, le Colonel Assimi Goïta a décidé de « créer les conditions d’un dialogue entre les filles et les fils de notre peuple, conduits par eux-mêmes, en vue de restaurer la paix, de consolider l’unité nationale et de raviver le vivre-ensemble ». Ce qui est, en plus d’une bonne initiative, l’idéal recherché par une majorité de maliens.
Composé théoriquement de membres venant de tous les horizons socioprofessionnels et de toutes les communautés religieuses du Mali, le Comité de Pilotage du dialogue inter-maliens qui a déjà commencé ses travaux, doit réellement refléter la composition socio-politique et professionnelle du pays. Cela, afin que le dialogue tant voulu soit le plus inclusif entre nos compatriotes. La voix et l’opinion de chaque couche sociopolitique et professionnelle devant compter. Cela est d’autant nécessaire que notre pays n’a plus le droit de retomber dans les mêmes erreurs voire fautes commises dans le passé.
« Pourquoi certains auraient le droit de faire ce qu’aucun malien n’a jamais fait (se rebeller par les armes) ? », s’est interrogé le président du Comité du dialogue inter-maliens lors de l’installation des membres. Dans la même veine, Ousmane Issoufi Maïga s’est dit convaincu que la signature des « accords » de l’Etat du Mali avec des hommes en armes, a été une grave erreur que le Mali a testée plusieurs fois (Tamanrasset, Ouagadougou, Alger) sans aucun résultat. De sorte que, d’après lui, « Ceux qui pensent qu’il faut encore un autre « accord » se trompent lourdement. Le vrai problème est ailleurs ». La Rédaction de l’hebdomadaire Le Pélican est du même avis. Et estime qu’il est plus que jamais temps que les maliens se projettent vers un avenir radieux.
Notre pays a énormément souffert de la salle guerre que ses ennemis extérieurs et intérieurs lui ont imposée. Sans compter les incessants clivages qu’ils ont tentés en vain de créer entre ses composantes communautaires. Ce qui fait que des quiproquos persistent actuellement entre les communautés. Le dialogue inter-malien est donc, de notre point de vue, une bonne occasion pour que les communautés se parlent à nouveau. Pour rallumer le calumet de la paix. Ce qui nécessite une réelle appropriation de l’ensemble des filles et fils du pays de tout le processus du dialogue.
Depuis des décennies, les autorités maliennes, sous l’égide de la communauté internationale, ont organisé sans succès des Fora, Assises, Dialogues et autres rencontres. Certains diront que nous n’avions pas le choix parce que notre armée était à terre. Mais fort heureusement, nous avons aujourd’hui une armée mieux restructurée, plus performante car dotée de logistique de dernière génération mais aussi de vecteurs aériens qui permettent le contrôle et la maîtrise de notre espace aérien. Ainsi, grâce à la bravoure des soldats, les FAMAs ont recouvré Kidal et l’ensemble des régions septentrionales et les a mises sous son contrôle strict. Nous n’avons donc plus « le couteau sous la gorge » pour accepter un accord léonin.
En somme, nous devons tourner la page sombre de la domination de la Communauté Internationale (occidentale) sur notre pays, pour désormais accepter ce dialogue exclusivement inter-maliens, initié et diligenté uniquement par les maliens. Mais faudrait-il que chacun œuvre inlassablement afin qu’il soit, comme l’espère son président de pilotage, un dialogue formel ultime. Ce, afin que notre pays redevienne un havre de stabilité et de prospérité. Et que l’intérêt général prévale in fine.
Gaoussou Madani Traoré