Edito / Ouattara l’Ivoirien

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Désormais, seul à la tète de son pays, Alassane Ouattara va devoir, dès aujourdhui, apporter la preuve, tant attendue de lui, qu’il est Ivoirien. Ce sera sa tâche essentielle ces prochaines années. Rendre la Côte d’Ivoire à la Côte d’Ivoire, c’est-à-dire gommer tout le désastre d’une « Ivoirité » maudite, née d’un délire socio-politique qui, vingt ans durant n’en finit pas d’endeuiller. L’effacer jusqu’à son onde de choc pour ne pas créer d’autres marginaux de la République, notamment en frappant d’ostracisme un FPI qui, quoi qu’on dise, représente une part non négligeable de ses compatriotes. En ne condamnant pas, pour leur opinion, leur appartenance et autres convictions, des citoyens qui avaient le droit de penser autrement et de voter ailleurs.

ADO doit travailler à éradiquer expéditions punitives, règlements de compte, escadrons de la mort et autres commandos invisibles. Pacifier villes et villages. Eteindre définitivement une rébellion nordiste au risque de la voir s’octroyer une légitimité, celle qui lui viendrait d’avoir vaincu Gbagbo. Il doit s’activer à mettre fin pour toujours à toutes ces détestables et cruelles exactions, en particulier celles qui ne manqueront pas de naître des lendemains de victoires ou de défaites, selon qu’on soit d’un bord ou d’un autre.

Tant de sang a coulé inutilement et il serait inexact de penser que ce n’était le fait que d’un seul camp. Que ce sang martyr serve donc les libations mystiques de la cause de la reconstruction du pays. Du consensus et du pardon, uniques socles d’un pays apaisé et aspirant au bien être.

Les regards, à partir de ce 11 avril 2011 qui a pris sa part de vie, seront tous tournés vers ADO et ADO seul. Pour lui est venu le temps de la construction d’une Nation. Il doit apporter la preuve du contraire de ce dont ses adversaires le soupçonnaient voire l’accusaient : qu’il braderait aux pouvoirs occidentaux les richesses de son pays, qu’il mettrait en péril son indépendance, qu’il ne serait en Côte d’Ivoire que le proconsul d’une France boulimique et néocoloniale.

Maintenant qu’il est aux affaires, qu’il est l’homme providentiel, car en ces moments douloureux il faut plus qu’un homme pour bouger le pays d’ Houphouët, il faut être Garçon, comme dirait-on sur les bords de l’Ebrié. Et pour cette raison il est condamné à réussir ou à mourir.

Rassembler les hommes, coudre le peuple, bannir la haine et la revanche, implorer les ancêtres, faire qu’une autre rébellion, celle suscitée par la chute de Gbagbo n’en remplace une autre. Construire la paix et la stabilité. Etre Ivoirien, tout simplement.

Alors et alors seulement Alassane Dramane Ouattara aura prouvé que la parenthèse douloureuse de l’Ivoirité, dont l’appendice était bien cette guerre des urnes et de la légitimité qui s’achève, est bien fermée. Définitivement.

S.El Moctar Kounta

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