La micro finance, était célébrée, il y a peu, comme une des rares success stories de l’Afrique de l’ère démocratique. Les « affaires » qui se suivent et se ressemblent indiquent probablement que le temps de la désillusion est arrivé. Sans doute, plus de pays sont touchés mais la bulle a déjà crevé au Bénin, avec un scandale dont les éclats parviennent jusqu’au président de
Et la tragédie est que c’est l’argent de petits épargnants. Peut-être envoyés sur la paille pour un bail, tant ils peinent à réaliser des économies à cause de leurs multiples urgences et de leurs petits moyens.
Car justement, les victimes ne sont pas les vautours d’Etat qui rencardent leurs maîtresses à Honolulu aux frais du contribuable mais des producteurs suant sang et eau pour avoir le peu qu’ils ont. Bien plus grave, ils peuvent être majoritairement femmes et ruraux.
Alors, on ne peut donc pas écarter la terrible crainte que la faillite de la micro-finance africaine n’aggrave pas, d’une part, la féminisation de la pauvreté, et d’autre part, la ruralisation de la tragédie de l’Afrique coupée en deux : d’un côté, ceux qui, par la magie du diplôme et le piédestal qu’il offre décident et de l’autre, les masses maintenues dans l’inorganisation et le bluff, et dont les enfants, à cause de la fameuse marchandisation de la vie, forment le gros des déchets scolaires.
Au-delà de la destruction du formidable instrument de lutte contre la pauvreté qu’est la micro-finance, ce que l’Afrique démontre, une fois de plus, c’est sa capacité de perversion. Elle l’a démontré avec les élections, au point de discréditer ce moyen qui reste pourtant le seul moyen d’accéder à la démocratie. Elle l’a prouvé aussi avec les privatisations de certaines sociétés et entreprises d’Etat. Elle le confirme maintenant avec l’outil de Muhammed Yunus et de
Adam Thiam