Edito : « Neutralité constructive » ou rééquilibrage ?

5

Notre excellent confrère, Le Républicain, dans sa parution du 11 avril 2018, s’est fait l’écho de la visite au Maroc du ministre des Affaires étrangères, Tiéma Hubert Coulibaly, en titrant sur sa déclaration, selon laquelle « le plan d’autonomie marocain est sérieux et crédible ». En effet, le ministre Coulibaly, à travers ces propos, est en phase avec plusieurs résolutions de l’ONU, qui disent textuellement la même chose. Ce qui relève de sa touche, c’est quand il affirme « qu’il convient de poursuivre dans cette voie, afin que ce différend soit réglé à l’amiable, sans heurts et sans violences ». Plus loin, le ministre a laissé entendre que le Mali observe « une position de neutralité constructive ».

La neutralité, qu’elle soit positive ou négative, ne sied pas à notre pays, dans le contexte actuel où certains ont juré de créer la fantomatique République de l’Azawad. En effet, Bamako doit s’assumer à travers un rééquilibrage de ses relations, à la fois, avec Alger et Rabat. D’abord, le pouvoir se doit de retirer sa reconnaissance à cette autre République fantomatique, « la RSD », soutenue par Alger, qu’un certain Moussa Traoré a reconnue en 1980, en faisant entorse à l’histoire, en violant l’intégrité territoriale du Maroc. Le Mali souffre aujourd’hui de la tentative de remise en cause de notre unité nationale. Il y’a bien là des similitudes évidentes entre le nord du Mali et le sud du Maroc. Notre pays, aussi bien que le Maghreb et l’Afrique toute entière endurent l’exécrable relation entre les deux frères ennemis, le Maroc et l’Algérie. Cette situation est hautement préjudiciable à la sécurité collective du Sahel et peut-être au-delà.

Le Mali entretient avec les deux pays des relations fraternelles, amicales, historiques. Qui ne sait pas le rôle combien important qu’Alger a joué dans la signature de l’Accord de paix ? Elle continue à apporter son soutien au processus en cours. Alger, qu’on le veuille ou non, est incontournable dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.

Quant au Maroc, son soutien politique, économique et culturel est incontestable. Pour la première fois dans l’histoire, le Roi du Maroc participe à l’investiture d’un président, en l’occurrence en 2013, à celle d’IBK. Un signe de respect et de considération. Faut-il taire les projets réalisés (clinique, centre de formation, cimenterie) ? Faut-il oublier les actions humanitaires (hôpital de campagne, refugiés, déplacés) ? Faisons l’économie des bourses multipliées par deux depuis 2013 et la formation des imams ainsi que l’apport économique des banques et assurances marocaines présentes au Mali.

En clair, votre fidèle serviteur est de ceux qui pensent qu’on ne doit pas abandonner un ami pour un autre, un frère pour un autre. Pour cela, il faudrait un rééquilibrage des relations qui respecte, bien sûr, l’intégrité territoriale des deux pays, en attendant l’aboutissement du processus de l’ONU, lequel s’imposera à tous ses membres.

IBK est donc interpellé, avec l’enjeu que représente le Mali pour les deux pays, pour tenter une médiation, du moins calmer les agissements en cours à la frontière du Polisario, comme son oncle Modibo Keita l’a fait en 1963, avec la guerre des sables. Cette année-là, le premier président du Mali  a réussi un cessez-le feu entre Ben Bella de l’Algérie et Hassane II, Roi du Maroc, en présence de l’Empereur Haïlé Sélassié de l’Ethiopie. Vivement que cet exploit soit réédité ! Le Mali en sortira grandi.

ElhadjChahanaTakiou

Commentaires via Facebook :

5 COMMENTAIRES

  1. Le problème de ce pays est que c’est une ancienne colonnie française
    Hors la France a toujours défendue les coupables, comme (certains vont crier à la présomption de culpabilté!) pour Ghosn, l’Arche de Zoé ou pour empecher qu’un procès se fasse à l’encontre de leur ressortissants!
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/280119/des-plaignants-cambodgiens-contre-bollore-prives-de-visa
    Comme en 1893, plusieurs incidents opposent le Siam et la France : cette dernière les provoque parfois ou en exagère l’importance, faisant ainsi monter la pression, jusqu’à l’envoi de deux canonnières à l’embouchure de la Chao Phraya, dont les commandants annoncent leur intention de remonter jusqu’à Bangkok.

  2. Le problème de ce pays est que c’est une ancienne colonnie française
    Hors la France a toujours défendue les coupables!
    Comme en 1893, plusieurs incidents opposent le Siam et la France : cette dernière les provoque parfois ou en exagère l’importance, faisant ainsi monter la pression, jusqu’à l’envoi de deux canonnières à l’embouchure de la Chao Phraya, dont les commandants annoncent leur intention de remonter jusqu’à Bangkok!

  3. Que le président IBK joue au équilibriste est une bonne chose et je crois que c’est ce qu’il fait d’ailleurs. Mais au delà de la personne du président IBK, les maliens voient une main de l’Algérie derrière le terrorisme qui sévit dans notre pays. C’est l’arrivée de SBM qui a redonné vie à la coopération Malino-algérienne. On espère que cela continuera tout en affectant pas nos relations avec le Maroc.

  4. « la RSD », soutenue par Alger, qu’un certain Moussa Traoré a reconnue en 1980, en faisant entorse à l’histoire, en violant l’intégrité territoriale du Maroc.
    D’abord c’est “R.A.S.D.” pour votre gouverne! Ensuite elle n’est pas “fantomatique”, sauf dans une pure illusion de journaliste! Vous seriez bien inspiré d’aller revisiter l’histoire de cette partie de l’Afrique pour mieux argumenter! On peut bien défendre “les intérêts” du Maroc sans verser dans ce que vous insinuez!

  5. On aime bien le Roi et l’Algérie a bien compris ca raison elle nous a pris par les testicules! Faut d’abord négocier en douce et quand la culotte s’en sort bien on pourra aller danser au palais de Rabat!
    L’Algérie ne pourra plus jamais construire de bonnes relations avec le Mali tellement les maliens ont une mauvaise image de son implication dans le problème du Nord malgré notre appui sincère, fraternel et décisif dans la guerre de libération en 61! On a été mal payé en retour! Elle a un seul choix: continuer à menacer le Mali et à le déstabiliser ou le perdre totalement car sa relation actuelle ne saurait jamais restée imperturbable! L’attitude du Roi est sage et payera!

Comments are closed.