Cadeau royal à notre pays qui fêtait, ce jeudi, ses cinquante et un ans : 1600 mètres de long, deux fois deux voies, des centaines de milliers de tonnes de matériaux, orgie de lumières, vingt sept mois d’exécution, valeur foncière déjà explosée des zones riveraines. Le moins qu’on puisse dire est que le président chinois a fait fort en offrant à Bamako son troisième pont et à Amadou Toumani Touré un visa de plus pour l’Histoire. Plusieurs ponts en un.
En fait, d’un pont à l’autre comme le résume si bien le président de la Commission du Cinquantenaire. D’abord, du premier pont de la capitale, cette chaussée submersible construite à coups de travaux forcés sous l’occupant français, à ce joyau futuriste concédée sans chichi par la Chine conquérante. Entre les deux, la réponse à une des demandes de la capitale malienne en pleine expansion.
Ensuite, de la Chine au Mali, l’histoire d’une riche coopération dans le passé et d’un partenariat de plus en plus actif, avec clé en main, hôpitaux, stades, bâtiments. Le tout dans une « approche d’utilité directe» qui fait dire sous cape que rien de ces dons n’est gratuit et que la Chine est tout simplement en train de se positionner. Ce qui est absolument légitime. Enfin, de la Chine force montante à l’Afrique besogneuse qui tient entre ses mains et par ce biais, un levier contre l’étau des conditionnalités occidentales. C’est en vérité une facette du futur de la coopération sino-africaine que nous avons vue à Bamako jeudi dernier. Pragmatique et saluée quand elle ne concurrence pas les petits emplois que les Africains se réservent. Interpellatrice de la façon de faire de l’Occident dans des pays où il faut de plus en plus tenir compte du casse-tête chinois.
Adam Thiam