Edito National / Double standard

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Ce que le communiqué laconique du dimanche soir ne nous a pas dit est que la démission de Oumar Ibrahim Touré est en rapport avec l’audit peu glorieux pour notre pays du Fonds mondial concernant le volet paludisme et tuberculose et peu prometteur pour le volet Sida, du moins selon l’opinion émise par l’inspecteur Bourassa dans sa note de synthèse du 15 octobre dernier à son Conseil d’administration. Que l’ex-ministre de la Santé soit ainsi traité parce que Soumaila Cissé le veut ainsi ou qu’il soit en train de payer pour délit de candidature en 2012 comme le considèrent certains, ne sont pas des données banales mais elles ne sont pas fondamentales.

 Ce qui est fondamental, c’est d’abord l’ampleur et la réalité des faits pour lesquels plusieurs pères de famille sont aujourd’hui en prison. Or, il est indéniable que sans forcément remettre en cause la qualité de son travail, les propos prêtés à l’inspecteur dans le mémorandum du Hcnls, et qui ont orienté l’exaspération présidentielle d’il y a une dizaine de jours, laissent entrevoir comme une présomption de culpabilité.

 En plus, à notre sens, entendre « qu’au Mali tout le monde vole» relève d’un mépris inacceptable. Mais ce qui est aussi fondamental, c’est que la démission de Touré ait été provoquée ou volontaire. En politique, la frontière entre les deux est ténue. Pourtant, seule la distinction permet de savoir si ce départ est un pare-feu contre des ramifications éventuelles ou s’il annonce une stratégie de défense de la part de Oumar Touré atteint dans son honneur.

Ce qui est fondamental enfin, et c’est tout l’honneur de la République, c’est l’équité et la justice devant chaque faute de gestion qu’il s’agisse des fonds maliens – cela existe d’autant moins que nous fonctionnons sur aide budgétaire extérieure- ou des fonds alloués par les partenaires.

 En trois ans, Oumar Touré est le deuxième ministre à démissionner sous la pression de l’extérieur. Aucun ministre n’a encore démissionné à cause des rapports de nos structures de contrôle. Les rapports de la primature sur les suites réservées à nos rapports de contrôle sont depuis trois ans une excellente initiative. Mais ils font le point sur les correctifs administratifs et l’état des recouvrements effectués. Les premiers responsables des structures incriminées sont restés le plus souvent en place voire boostés. C’est cela le double standard et c’est ce qu’il faut éviter.

Adam Thiam

 

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