Edito National : DAF

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La décision, au sortir du dernier conseil des ministres, de limoger tous les DAF de tous les ministères était fracassante. Elle l’était d’autant plus qu’elle n’a été suivie d’aucune explication véritable à l’intention d’une opinion qui pourtant est attentive aux changements qui ne manqueront pas d’affecter sa vie en cette période charnière. Période où les tenants du pouvoir du jour sont déjà considérés comme des « Has been » où ATT lui-même revêt des allures d’ancien président. Elle a été fracassante aussi du fait qu’elle vient télécharger une pratique remise au goût du jour, il y a peu, précisément le 30 mars, où à l’occasion de la sortie du gouvernement Modibo Sidibé on a eu l’impression plus d’un renvoi massif après une fâcherie monstre qu’un remaniement. Car dans ce dernier cas il y a des règles, des règles non écrites mais des règles tout de même, de bienséance, de courtoisie et autres, qui n’ont pas été respectées.

Le dernier tsunami dont l’épicentre se trouve être Koulouba a donc frappé au cœur du système financier des départements et en l’absence de motifs réels, clairement exprimés, chacun y est allé de son commentaire. Les raisons sont d’ordre hautement politiques disaient certains et visent à brûler l’herbe sous les pieds d’un Modibo, coupable désormais de lèse majesté. Lui qui a nommé la plupart des argentiers de la République pour sa soif à venir. Le prétexte tout trouvé d’assainir les finances publiques ne sont que de la poudre aux yeux quand, pendant neuf ans, on s’en est accommodé et peut être même servi, prétendent-ils, avant d’ajouter que ce n’est pas quand une affaire est pliée que l’on s’embarrasse de détails de contour. En réalité, renchérissent les autres, les DAF constituent le lieu privilégié où se construisent les trésors de guerre, il y a donc un savant casting à opérer pour ne pas se découvrir en train de dresser la table pour les autres, parfois l’ennemi d’en face. Parce que le camp qui limoge c’est aussi le camp qui nommera les remplaçants dès lors pourquoi décapiter tout le monde quand les « modibistes » sont connus.

Si le souci et la démarche, dit-on, devraient rendre les manœuvres des ministres plus difficiles pour que les maigres ressources du pays lui soient davantage consacrées, à lui plutôt qu’aux chapelles politiques, pour les joutes à venir, il rendrait caduque la nécessité de remanier une équipe qui du coup garderait ses DAF, un DAF étant égal à un autre.

Enfin, une des raisons de cette grande lessive reste liée aux différents rapports du B.V.G qui indexaient justement les DAF. Mais dès l’instant où le gendarme des finances a été lui-même fragilisé, que la corruption n’a jamais été aussi florissante, aux dires des autorités elles mêmes, n’y avait -t -il pas lieu d’étendre la mesure-sanction à toutes les régies financières. En tout état de cause il va falloir aller plus loin, plus vite, plus juste…

S El Moctar Kounta

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