Nous aurions dû être dans les derniers réglages pour un processus électoral sensible à deux égards : l’absence de candidat de repli comme l’a été Att en 2002 et le fait que 2012, au-delà d’une simple présidentielle, est une année d’alternance démocratique. Or nous en sommes encore à plancher sur des questions totalement surréalistes à cette distance du genre fichier Race ou Ravec. Avec à la clé, les prémices d’une crise préélectorale inutile tant que le gouvernement insistant sur le Race et les partis réclamant le Ravec n’accordent pas leurs violons.
Au-delà des divergences enregistrées entre l’Administration territoriale et les formations politiques, la rencontre du mardi, par les propos de dépit et de défiance entendus, induit le procès de la gouvernance du catimini, du fait accompli et du moussalahah. Younouss Hameye Dicko qui est loin d’être un va-t-en guerre ne peut pas s’être indigné contre trois ans d’investissement et de trésor dépensé pour le Ravec parce qu’il veut simplement mettre le gouvernement en difficulté. Younoussi Touré, avec le sens de la mesure qu’on lui connaît, ne peut pas, pour le simple plaisir du baroud, aller jusqu’à invoquer l’éventualité d’une transition dont il exclut d’avance les autorités actuelles.
Dioncounda Traoré, président du parti locomotive de la majorité présidentielle, ne peut pas, juste pour le plaisir du défi, attirer l’attention sur le respect des délais constitutionnels. Et le fait que Tiébilé Dramé mobilise pour de bonnes élections -ce qui relève de la dignité minimale en démocratie- ne suffit pas à en faire un opposant voulant le beurre et l’argent du beurre. La vérité, qu’il s’agisse du fichier Race non mis à jour selon la loi ou du fichier Ravec sur lequel aucune communication cohérente n’a été faite, c’est le gouvernement qui est en cause.
Sa responsabilité solidaire ne saurait cacher les responsabilités individuelles qui mettent aujourd’hui Amadou Toumani Touré dans cette mauvaise passe. Le président était sincère quand il promettait des élections qui tranchent d’avec celles du passé. Ce n’est pourtant ni Modibo Sidibé, ni Mariam Kaidama Cissé, ni Kafougouna Koné qui répondront des faillites le 9 juin 2012. Mais lui et lui seul tant qu’il ne situe pas les fauteurs et sévit contre eux.
Adam Thiam