Edito : Mopti, le garrot ou la ceinture explosive

[caption id="attachment_203091" align="alignleft" width="200"] Adam Thiam[/caption] Sept civils dont des frères froidement exécutés  samedi dernier  à Kobou dans le Cercle de Douentza. Du récit qui en a été fait, le forfait emprunte  au mode opératoire des jihadistes de la zone : sentence ou grief, motos, kalach, vérification de l’identité des cibles et exécution à bout portant. Les assassins courent toujours. Pas pour longtemps, il faut l’espérer. Car tout doit être fait par  les communautés, l’Etat et  nos partenaires pour que la région de Mopti ne devienne pas un sanctuaire néo-jihadiste. Et ce sur les lignes de fractures ethniques et tribales, économiques et sociologiques. Cette région devait son équilibre jusque-là à la coexistence pacifique de ses trois grands systèmes de production – élevage, agriculture, pêche- malgré quelques accrocs parfois. Les groupes Peulh, Dogon, Bamanan et Songhoy  y vivent dans une cohésion qui a pu survivre aux conflits. Or si le Nord malien est en train de retourner à la normale, la Région de Mopti, elle, connait une hausse tendancielle de l’insécurité depuis janvier. Les peurs se cristallisent autour d’un nom : Hamadoun Kouffa. Glaive invisible ou épouvantail, cet éphémère tombeur de Konna en 2013 passe pour avoir fait avec Iyad Ag Ali le deal de la régionalisation de la terreur avant la régionalisation administrative attendue de l’accord d’Alger. Nampala, Tenenkou, Diafarabe, Hamdallaye, Douentza, Djenne, Tominian, Nara, Misseni, Fakola : la liste  s’allonge des trophées qui sont mis à l’actif du jihadisme. Paradoxalement, Mopti semble tétanisé : ses ressortissants ne se mobilisent pas, son administration est repliée au Sud pour nombre de ses localités. L’armée a fait front dans quelques cas mais globalement la sécurité fait défaut à la région. L’attention nationale et internationale est captée par le Nord. Or ni le Nord ni le Sud ne se sauveront  sans Mopti. Cette région sera le garrot pour ou la ceinture explosive contre le processus de paix en cours. Adam Thiam (exclusivement pour Maliweb.net)