Il est parfaitement normal qu’un parti rende compte de sa vie et parle de ses perspectives à la presse nationale. Sous ce rapport, l’exercice Dioncounda Traoré, le samedi, se conçoit aisément. Mais le patron de la Ruche aura beaucoup de mal à nous convaincre que tout l’objectif du point de presse-conférence de cadres n’était pas de rendre clair, une fois pour toutes, que Modibo Sidibé ne peut pas être le candidat de l’Adema à la présidentielle 2012.
Cette clarification, bien sûr, venait en réponse à une question de confrère. Mais la loi du genre c’est une formule comme « ce point n’est pas à l’ordre du jour ». Or sans détours ni figure de style, le président du parlement s’est voulu le plus concis et le plus net possible. Pourquoi ? En tout cas, la précision relance les retrouvailles de l’Adema originelle et/ou du mouvement démocratique, en fait la digue que l’ancienne notabilité politique cherche, sans le dire, à opposer à la probable déferlante Pdes. Ensuite, elle rouvre le dossier un peu oublié des candidatures 2012 constitué le jour même où Modibo Sidibé s’est installé à Bamako Coura.
Car pour le microcosme, la primature n’était que l’antichambre de Koulouba. Dioncounda Traoré avait donc des raisons de recadrer les choses, quitte à ouvrir les hostilités. Lui-même ne cracherait pas dans la soupe. Sa double positon dans le parti et au parlement est un formidable levier.
L’homme a une intelligence fine de la politique et des hommes et c’est pourquoi toutes les crises de son parti l’ont épargné. Et les manœuvres pour faire venir quelqu’un d’autre comme candidat de l’Adema ne pourront être que souterraines et elles auront donc la faiblesse de la clandestinité. On en aura le cœur net les 26 mars et 25 mai, dates hautement symboliques qui dévoileront le visage du candidat de l’Adema seule, en alliance voire en fusion avec d’autres.
Les précautions prises pour verrouiller le système de désignation de son candidat préviendra t-il cependant l’émergence de tir aux flancs ou de troisièmes larrons au sein de la Ruche? Rien ne permet de l’affirmer. Et surtout Dioncounda Traoré s’est gardé de le dire et de tout triomphalisme. Il a hâte d’être en jambes mais il marche sur des œufs et il le sait.
Adam Thiam