Le Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation du Gouvernement de la Transition est en train de parachever la mise en œuvre du projet de découpage administratif et territorial du Mali, décrété en 2012 sous ATT. D’ores et déjà, de nouvelles régions ont été créées notamment sous le règne d’IBK. D’autres sont en train de voir progressivement le jour. Mais le hic est que les initiateurs du découpage n’ont certainement pas tenu compte, dans leur conception, de toutes réalités socioculturelles et historiques de notre pays. Tant il est évident que des dissensions et limites sociales anciennes entre les communautés ou les localités existent et persistent dans notre pays, même si elles ont pu être atténuées pendant la colonisation et les premières décennies de l’indépendance.
En raison de cette triste réalité, dès le début de l’opérationnalisation des premières régions créées, des populations de certaines localités n’ont de cesse vivement montré leur frustration, parce que leurs localités n’ont pas obtenu le statut de cercle ou région. Or le Gouvernement de Transition, par l’entremise du ministère de l’Administration Territoriale, est décidé de parachever la matérialisation du découpage administratif et territorial. Cet entêtement de l’Exécutif d’en finir, une fois pour toute, est aujourd’hui en train de provoquer une vague de frustrations et d’indignations chez les populations de nombreuses localités territoriales voir dans l’ensemble du territoire national.
A Markala, Goundam, Mondoro, Dinangourou, Koro, Hombori, Kati, Ouelessébougou, Bla, San, Yélimané, Sitakili, Sandaré,…des populations sont en colère. Nous assistons quotidiennement à de gigantesques manifs populaires dans notre pays pour la réclamation de statut de Chef-lieu de région ou de cercle pour leur localité. Cette attitude sectaire (un véritable repli sur soi) est hélas renforcée par une propension au communautarisme au sein de l’Etat malien. Un Etat déjà miné par la crise sécuritaire endémique dans l’ensemble du territoire national. Dont 80% échappent à son contrôle.
Compte tenu de cette triste réalité, les Autorités transitoires doivent donc comprendre que la mise en œuvre du découpage territoriale n’est vraiment pas opportune. D’autant qu’elle est en train, au lieu d’unir les populations autour d’une même communauté de destin, d’exacerber plutôt une attitude égocentrique dans notre pays. Chacun veut que sa localité devienne un Chef-lieu de cercle ou de région. Ce qui n’est pas de nature à favoriser le retour à la cohésion et l’unité nationales dont notre pays a tant besoin. A défaut donc d’abandonner le projet de découpage administratif, ne serait-il pas sage que nos autorités diffèrent sa mise en œuvre ?
Gaoussou Madani Traoré, DirPub