Edito : Le Mali à hue et à dia

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Edito : IBK dans le piège du fédéralisme
Chahan Takiou, Dirpub “22 Septembre”

Le Conseil de Sécurité de l’ONU a adopté le 25 juin dernier la Résolution 2164 relative au renouvellement du mandat de la MINUSMA. Celui-ci est désormais axé sur des tâches prioritaires à savoir la sécurité, la stabilisation et la protection des civils, l’appui au dialogue politique national et à la réconciliation nationale, l’appui au rétablissement de l’autorité de l’Etat dans tout le pays, la promotion et la protection des droits de l’homme et l’aide humanitaire.

 

Quelques jours auparavant, Bamako avait donné son accord pour des pourparlers inclusifs intermaliens en Algérie, lesquels seraient rapatriés au Mali pour un Accord global définitif. Et voici le Président du Faso, Blaise Compaoré, qui court au même moment derrière sa médiation perdue.

 

Alors, le Mali est tiré à hue et à dia entre Alger, considérée comme facilitateur et Ouagadougou, médiatrice de la CEDEAO.

 

Dans les Accords précédents (Tamanrasset, Pacte national, Accord d’Alger), c’est le facilitateur algérien qui a joué en même temps le rôle de médiateur. En 2013, avec l’Accord préliminaire du 18 juin d’Ouagadougou, c’est bien Blaise Compaoré, qui avait joué les deux mêmes rôles. Alors, pourquoi, maintenant, deux pays pour un seul dossier?

Tout porte à croire que, si les autorités maliennes avaient les mains libres, Ouagadougou serait écarté au profit d’Alger. Cela se justifierait, même si les Maliens ont mille et un reproches à faire à nos voisins du Nord.

 

En effet, le pays d’Abdoul Aziz Boutéflika est un mal nécessaire dans ce dossier, parce qu’il connait les responsables des mouvements armés. Ensuite, les acteurs de la rébellion sont géographiquement proches de l’Algérie, qui leur sert à la fois de base arrière et de terre d’exil.

 

Ce n’est pas tout. La ville de Kidal, voire la région de l’Adrar des Ifoghas, vit économiquement grâce à l’Algérie, à partir de laquelle leur ravitaillement en produits de première nécessité s’effectue. Même les produits de luxe, comme le carburant, viennent du sud de l’Algérie. Il y a des localités de la région qui s’approvisionnent même en eau potable à partir de ce pays.

 

Les produits algériens inondent tous les marchés des trois régions du Nord et Bamako en bénéficie également, à travers le thé, le lait…

 

C’est dire que, si Alger coupe le robinet, ça va être pénible pour Kidal. Tout cela pour montrer qu’Alger a véritablement des moyens de pression sur les bandits armés de l’Adrar des Ifoghas. Tel n’est pas, en revanche, le cas de Blaise Compaoré, qui accueille et héberge des chefs rebelles maliens qu’il aurait pu déclarer, dès le départ, du conflit comme persona non grata, en raison de liens d’amitié et de fraternité entre nos deux pays.

 

Que des réfugiés soient admis dans les différentes contrées du Burkina Faso est hautement compréhensible et louable, mais que ceux qui complotent contre la République, afin de la déstabiliser et de la diviser, se comportent comme des roitelets à Ouagadougou, cela est difficilement acceptable.

 

Comme le Mali est tombé «plus bas que terre», pour reprendre Seydou Badian Kouyaté, tout est permis, et il continue d’encaisser. Quel moyen de pression Blaise a-t-il sur les chefs des mouvements rebelles touaregs? Les chasser de son territoire? C’est trop tard, parce qu’ils sont devenus des exilés politiques au Burkina Faso.

 

Donc, Alger nous semble être plus prometteuse que Ouagadougou, qui ne joue qu’une carte promotionnelle et hautement politicienne. Le Mali n’a rien à gagner de nouveau chez Blaise Compaoré, après l’Accord préliminaire, pour lequel il faut le saluer.

 

La question de Kidal a pris une nouvelle dimension, qui nécessite l’implication d’Alger et l’effacement de Compaoré. Deux médiations en même temps compliqueraient la gestion du dossier et celle de ses acteurs.

 

Chahana Takiou

 

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13 COMMENTAIRES

  1. Analyses dépassionnées et très réalistes, Chahana connaît les tenants et les aboutissants de Kidal… en dehors des positions partisanes des uns et des autres ….

  2. Non Chahana, ce n’est pas “Le Mali qui est tire ” a hue et a dia”, mais c’est plutot “IBK QUI EST TRIMBALE DE GAUCHE ET A DROITE” de son propre chef.

  3. Si ça se compliquerait, notre stratégie dent pour dent œil pour œil est affutée , ces deux médiations sont une charge pour le Mali, la médiation de la république sœur d’Algérie est un mal nécessaire, quant à celle du Burkina Fasso c’est un mal à moitié comme on le dit chez nous une demi-perte vaux mieux qu’une perte entière fin de citation. Si je suis décideur j’opterai pour la médiation Nigerienne, car son excellence Mahamadou Youssoufou est un panafricain convaincu de son parcours. Que dieu bénisse le Mali!

  4. Djoncounda avait remis le Mali sur la bonne trajectoire!!!!!
    C’EST IBK QUI A CREE’ UNE NOUVELLE SITUATION DE CRISE EN VOULANT DEFIER LE MONDE ENTIER!!!!!
    IT IS JUST UNBELIEVABLE!!!!!
    NOS ACTIONS ONT DES CONSEQUENCES!!!!
    IBK DOIT APPLIQUER CE QUE NOUS AVONS CONSEILLE’!!!! IL EST CERTES LE PRESIDENT MAIS IL N’AIME PAS LE MALI MIEUX QUE NOUS!!!!
    OUI, JE SUIS BIEN ARROGANT POUR DIRE QUE NOUS AVONS UNE MEILLEUR VISION QUE LUI!!!!!
    IL AGIT COMME SI TOUTES SES DECISIONS SONT ANCRE’ES DANS LES HISTOIRES DES GRINS DE BAMAKO QUI N’ONT RIEN A’ VOIR AVEC LA REALITE’!!!!

    • Est que nos gouvernants savent même ou commencer? Tantot Ouaga, tantot Alger, NU etc…
      Ca serait mieux pour Nous de signer un accord militaire avec Israel c’est tout et simple maintenant Nous devons payer ce prix. C’est ma penseé Capi alias ex Gl. 😉 .

  5. C’est du Chahana TAKIOU tout craché: des affirmations gratuites construites sur des préjugés et du complexe.

  6. L’Algérie est le problème et non la solution. Une médiation européenne ou ecclésiastique (du genre St Egidio) serait préférable.
    Mais les autorités actuelles sont aux antipodes de cette vision diplomatique. Quel dommage pour le pays !!!!!!

  7. Ouagadougou a pris le relai momentané de la médiation, avec la bénédiction de la France, l’inertie d’une classe politique en état d’ébriété émotionnelle après la crise de 2012, et une CEDEAO, paria du monde, qui a trouvé l’occasion rêvée de venir jouer les instructeurs militaires et les Kissinger des tropiques sur les rives du Djoliba.
    Mais le Burkina est indigne d’assurer la médiation entre le Mali et des groupes armés dont il a pratiquement ramassé les morceaux, pour les recoller entre hôtels et hôpitaux de Ouagadougou, après la cinglante défaite qu’ils ont subie de la part des FAMA et des jihadistes, en 2012. Ouagadougou est aussi la capitale, où, 48 heures après avoir froidement et lâchement assassiné des cadres maliens, les bandits armées tinrent une conférence, pour faire leur bilan macabre. Ce n’est pas de l’amitié, ce n’est pas un gage de bon voisinage.
    Le pouvoir actuel est face à un défi certain, celui de gérer une situation dans laquelle ses prédécesseurs, « élus » de l’ère démocratique, ont savamment, pour des intérêts sordides et partisans, plongé le Mali. Ca n’aurait jamais pu arriver avec Moussa Traoré, parce que lui était un soldat, dont la Haute-Volta connait la puissance de feu, avec les affrontements de 1978. Ceci nous vaut peut-être cela, aujourd’hui.

  8. “Tout porte à croire que, si les autorités maliennes avaient les mains libres, Ouagadougou serait écarté au profit d’Alger.” Cela confirme l’idée que le Mali est géré par procuration, alors que le PR doit prendre toutes ses responsabilité et faire ce qui va dans l’intérêt supérieur de la Nation.

  9. Je suis entièrement d’accord avec Mr Seydou Camara. Il est temps que nos autorités résolvent ce problème de rébellion avec la tête et non avec le cœur.
    On est plus en campagne électorale ou le populisme est une règle d’or pour gagner. On est entrain d’exécuter le pouvoir et ici les erreurs politiques se payent cash. Les autorités doivent éviter a tout pris un isolement international au niveau politique et au niveau économique.

  10. Monsieur le journaliste en son temps les menteurs qui voulaient coûte que coûte avoir le pouvoir avaient critiqué les accords déjà signés sous la médiation Algérienne par( ATT et le général Traoré ) et les mouvements rebelles.
    Alors face à cette situation n’était-il pas préférable d’aller voir un autre accord sous une autre médiation différente de celle d’Alger?
    D’ailleurs ton édito dit tout sur notre position de faiblesse face à l’Algérie ce qui montre que nous partons en Algérie conscients que tout sera favorable à la rébellion car elle est la protégée de ce puissant voisin comme vous même vous le prétendez.
    Le faite que le mali soit à hue et à dia dans ce problème est due seulement à la mauvaise foi et l’insouciance et l’hypocrisie des autorités actuelles du pays.

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