Edito : Malédiction nationale

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Avons-nous eu tort de miser sur notre football, comme le président de la République l’a dit ? En tout cas, au vu des résultats  de disciplines moins subventionnées- le basket par exemple-,  plus d’un Malien est écœuré par les contre-performances de nos footballeurs, le manque de cœur de nos garçons, les querelles de clochers et les dérives mafieuses de l’encadrement de notre foot.

 

Que Giresse qui fut, il le faut le concéder, un brillant joueur soit sur le point de jeter l’éponge n’a, à cet égard, rien d’étonnant. Peut-être faut-il même le mettre à la porte avant qu’il ne démissionne. Car, il devait savoir que seul son bilan plaiderait pour lui, que son salaire lui est payé par les contribuables d’un des Etats les plus pauvres au monde, que cette terre de foot avait besoin de résultats et qu’on ne lui pardonnerait aucune faiblesse. Il n’avait pas alors qu’à écouter son seul professionnalisme ou tirer plus tôt les leçons.

Quant à la Fédération, c’est sûr qu’elle continuera comme ça, derrière le puissant bouclier de la Fifa qui a tracé la ligne rouge entre les Fédérations et les Etats. Mais qu’elle n’ait aucun doute sur le sentiment des Maliens. Kolado Cissé et ses hommes sont tombés bien bas dans l’estime de leurs compatriotes. S’ils ne le savent pas, eh bien, nous le leur disons ici : le pays entier sait  aujourd’hui  qu’ils ont mis leurs intérêts égoïstes au dessus du Mali, de la grandeur qu’ils lui refusent, des gloires qui peuvent être les nôtres.

  Et peut-être, faut-il dire quelques mots sur les Aigles eux-mêmes. C’est bien qu’ils écrivent fièrement leur nom sur les plaques de leurs voitures. C’est bien qu’ils aient la réputation de bons danseurs et que devant les night-clubs des Bamakoises paumées se battent pour eux. Mais ce serait encore mieux qu’ils portent le pays dans leurs jambes, qu’ils sachent que chaque but marqué enthousiasme de millions d’enfants ici et que chaque défaite inattendue ou humiliante alite des centaines de milliers de  nos familles. Nous prêchons bien évidemment dans le désert. Car même le foot est un reflet de la gouvernance. Donc la recherche de l’efficience et de l’efficacité. Là-dessus, le secteur du foot a gardé toute son opacité. Et le Mali toutes ses désillusions.          

Adam Thiam

 

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