Edito ; Libye : Nous sommes complices !

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La responsabilité de ce qui se passe en Libye est partagée. D’une part, la faute incombe aux dirigeants africains incapables de mettre en place une véritable politique d’insertion socioprofessionnelle des jeunes. L’intégration professionnelle est difficile. Elle devient encore plus pénible lorsqu’il faut monnayer une place quand on est issu d’une famille pauvre. Au Mali, tant que l’on n’est pas parrainé par un membre des cercles du pouvoir, il est très difficile, voire impossible de trouver un emploi digne de ce nom. Autant de souffrances qui traumatisent les jeunes. Implicitement, ils comprennent qu’ils n’ont pas leur place dans leur propre pays.

D’autre part, il est ancré dans la mémoire de certains jeunes que l’avenir au Mali est sans lendemain. C’est pourquoi l’on a beau remplir leurs bras de diamant, ils seront toujours tentés de braver vents et marées, crocodiles, requins et baleines. Ils accepteront d’être les esclaves de certaines personnes comme c’est le cas présentement en Libye. Oui, certains préfèrent cet esclavage sous d’autres cieux que la pratique du jardinage chez eux, un champ de mil ou de riz, une entreprise de nettoyage. Ils acceptent d’être au service de maîtres libyens, simplement le temps de trouver leur ticket pour la traversée de la mer.

Mais, en aucun cas, cela ne saurait justifier l’acte barbare et terroriste des soi-disant maîtres contre une jeunesse déboussolée en quête de mieux-être. Nous devons néanmoins avouer sans ambages que nous sommes victimes d’un complot concocté par nous-mêmes. Observons auprès de nous, combien ont un lendemain meilleur après leur départ ? Très peu, car d’après un expatrié, malgré les nombreuses entraves au Mali, son pays est le plus doux au monde à cause de son hospitalité légendaire.

Nous persistons à dire que partir n’est pas la solution, il faut chercher des voies et moyens pour rester au pays d’autant plus qu’il regorge de potentialités inestimables que même les pays dits eldorado n’ont pas. Surtout qu’aujourd’hui les lois d’inhospitalité se multiplient en Occident avec le verrouillage des frontières, la suspicion généralisée et la répression. Il en résulte de graves atteintes aux droits humains des étrangers. L’occident fait exprès, il met les barbelés partout où les migrants sont supposés passer.  Aucune autre alternative n’est possible  si  n’est  que  créer des camps d’esclavages chez nous-mêmes.

Chers gouvernants africains, comprenez cela,  donnez aux jeunes des raisons d’espérer, non pas en paroles mais en actes concrets !

Abdourahmane Doucouré

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2 COMMENTAIRES

  1. Voici un sujet qui nous touche tous..Et personne ou presque personne ne bouge..
    Comme ça tout est de la faute de nos dirigeants ???….Alors pourquoi ce silence en face d’un phénomène si important et si grave …
    Nous sommes de vrais autruches et des couards ..
    L’argent envoyé est important ..très important mais il y a des choses à dire..Les jeunes qui partent, les mères qui partent avec leurs enfants même en bas age les exposant aux pires dangers..dans un continent ou la famille a tant d’importance !!!!

  2. Un immigré malien prend le risque de mourir en mer,mais meurt infailliblement à petit feu au MALI tant la pression des parents est forte pour celui qui préfère gagner humblement sa vie.
    L’immigration malienne n’est ni économique,ni sécuritaire,elle est sociale.
    Nos sociétés sont devenues mercantiles.
    Chaque famille veut que le membre de la famille sort pour envoyer régulièrement l’argent,non pas pour prendre en charge les besoins de la famille,mais pour leurs permettre de mener une vie au dessus de la moyenne.
    Nous avons des immigrés qui ont envie de rentrer,mais les parents s’y opposent.
    S’ils rentrent qui va leurs permettre de continuer à mener cette vie au dessus de la moyenne.
    Il y a certes des cas économiques qui sont de plus en plus minoritaires,mais organisés.
    Par exemple une communauté peulh de la région de mopti mène des activités de pressing dans plusieurs pays de l’ Afrique centrale.
    Une rotation entre les membres de la famille s’effectue entre ces pays et le Mali dans les différentes familles de la région de mopti.Là on peut parler d’immigration économique.
    C’est la société malienne qui est malade.
    Elle souffre de la médiocrité de gagner sans souffrir.
    Comme tous les fainéants,elle envoie ces enfants souffrir à sa place.
    Nous avons des enfants de 16 à 17 ans dont les voyages sont financés par leurs parents,eux aussi appellent un ressortissant du village dans un autre pays pour aider leurs enfants sur le chemin.
    Cet enfant a abandonné l’école pour pouvoir faire nourrir ses parents fainéants.
    Nous sommes dans une société où le terme «l’enfant est un don de dieu »a été traduit à «l’enfant doit se sacrifier pour ses parents pour avoir leurs bénédictions »
    Si autrefois l’immigration était réservée à une ethnie qui la pratiquait pour aider réellement la famille,aujourd’hui la médiocrité de la société pousse nos jeunes à tenter l’aventure.

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