Edito / Les sanctions ne tueront pas Gbagbo

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Peu importe qu’il ait tort ou raison, que les vrais résultats de l’élection soient ceux de la Cei et non ceux du Conseil constitutionnel ! Si Gbagbo gagne contre le monde entier désormais ligué contre lui, alors, il est vraiment « garçon » comme on dit à Abidjan. Mais sa victoire à moyen terme est improbable sauf si la communauté internationale n’est qu’un écran de fumée. Gbagbo, sans doute, le sait et ce sur quoi il mise c’est que sa chute intervienne le plus tard possible. Sur fond de dégât maximal où, hélas, aucun ingrédient ne sera de trop : ni les charniers s’ils ne peuvent être cachés, ni les intimidations et les assassinats « blancs » de citoyens, ni le feu à la poudrière ethnique, ni l’asphyxie économique du pays, ni sa scission pour de bon.

Techniquement, la rwandisation de la Côte d’Ivoire est possible et plausible. C’est même le danger qui plane ces jours-ci et que les institutions africaines, notamment la Cedeao validée par l’Union africaine se doivent au plus vite d’enrayer. Sans attendre les Nations-Unies qui n’ont même pas pu changer le mandat de l’Onuci elle même menacée et presque contrainte à faire comme Amnesty international : recenser les violations et les viols. Sans attendre également la France car Sarkozy ne peut faire respecter son ultimatum sans victimiser le « coupable ». Or Gbagbo ne serait pas malheureux d’un statut de martyr. Les mesurettes tels que les interdictions de visas et les gels d’avoirs de toutes les manières volés au peuple ne tueront pas Gbagbo le résistant.

Ces sanctions sont d’ailleurs, pour beaucoup d’observateurs, un aveu d’échec train après l’hallali sonné contre le vaincu de l’élection selon l’Onu car c’est elle qui, par le jeu de la certification qui lui incombait, présente aujourd’hui Gbagbo comme un usurpateur. C’est peut-être bon pour l’orthodoxie démocratique. Mais ça ne pressent rien de bon pour le petit peuple d’Abidjan qui, lui, n’aura pas, comme le « personnel non essentiel » des organisations internationales, le privilège d’attendre dans un hôtel quatre étoiles la fin de l’orage. La défaite d’un des camps ivoiriens qui s’affrontent aurait réglé le problème. Pour l’instant cependant, l’interposition internationale a seulement un résultat : proroger la crise. Et cela n’est pas moralement acceptable.

Adam Thiam

 

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