Edito / Les orages du chemin

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Il  y a deux ans,  certains d’entre nous avaient  alerté sur le décalage le temps qui filait et les demandes non traitées d’une année d’alternance constitutionnelle. Ils furent, sans doute, considérés comme des prophètes du malheur.  A  cinq mois du scrutin, nous voilà pourtant rendus  au tournant délicat qui était redouté. A savoir la gestion de la simple routine dans un pays sans grande capacité d’exécution, peu anticipatif, où les compétences vantées sont  autant de  toc et où  la gloire du larbin assurée.

 On ne parle même pas de la prise en charge de l’impondérable. Or de nouvelles raisons de craindre s’ajoutent au défi de scrutins présidentiel et législatif bien conduits, aux résultats acceptés parce que le 9 juin 2012 est plus important pour le Mali que le 8 juin  2012. Pas le Mali de la crise post électorale, mais du Mali qui a remis sur orbite son processus électoral faussé par l’argent et la triche mais qui, hélas, n’a pu rétablir l’ordre des scrutins-les législatives avant la présidentielle- pour conjurer les risques d’une gouvernance clientéliste-. Quelles sont-elles ces appréhensions nouvelles ?  Elles sont celles d’une année agricole tendue, quelles que soient les statistiques à venir, les pays voisins  -ils figurent parmi les déterminants de notre souveraineté alimentaire-  ayant déjà déclaré la banqueroute quant à eux.

Ensuite, il y a toujours le Nord malgré l’évidence que l’appel à la sécession du Mnla  est le fait d’une minorité et  malgré les dispositions au dialogue et à la tolérance du gouvernement qui  multiplie les missions de bons offices sur ce turbulent théâtre devenu le grand test de la nation malienne aujourd’hui. Elles restent également, -ces appréhensions- l’appropriation heureuse par les citoyens de scrutins référendaire et présidentiel jumelés.

Ce sont là, les indicateurs macro d’un pays de continuité plutôt que de ruptures. Mais pour le président Touré, les objectifs doivent être plus fins, plus spécifiques. En 1992, il a remis le pouvoir à un pays fier et debout. En 2012, il ne doit pas transmettre le témoin au président d’un pays inquiet et démobilisé. Le référendum est son plébiscite, voire son troisième mandat. Il lui faut un taux de participation massif pour un oui massif qui déteindra forcément sur l’autre élément du binôme : le scrutin présidentiel.

 Du savoir-faire donc. Pas du genre « non puis oui » de l’Amsuneem. Pas plus que les matraquages télé que tout le monde zappera. Quelles activités concrètes alors pour mobiliser ? Et quand ? Comment ne pas tuer la présidentielle pour le référendum ? C’est au pouvoir d’y répondre. En attendant, c’est le front anti-référendum qui tente de se remobiliser, après celui du fichier électoral. Les arguments sont clairs. Mais qu’ils soient entendus par une population  peu impressionnée par le landerneau politique est une autre paire de manche. Mais ne commettons pas d’erreur de lecture : l’échec  de l’opposition n’est pas forcément la victoire de la majorité. Celle-ci doit être sentie dans le débat,  dans la rue et dans l’urne. Mais conclusion circulaire : le temps file et la demande n’est pas traitée.              

Adam Thiam

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