Edito : Les milliards de la lutte contre la pauvreté

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En se demandant et en demandant au gouvernement quel est l’impact des projets ou composantes luttes contre la pauvreté pour lesquels le pays s’endette avec la ratification du parlement, Assarid Ag Ambarcawane ne vire pas, du tout, dans l’opposition. Au contraire, il assure le service minimum dans un pays qui a dramatiquement renoncé à son droit à savoir et perdu sa capacité d’indignation. C’est au nom du peuple malien que ces prêts sont contractés, en son nom que l’argent est dépensé et c’est pour lui qu’il faut s’assurer de l’impact des investissements et les députés ne doivent pas être ceux du gouvernement, s’ils comprennent leur mission, mais ceux du peuple.

 Or rien n’est aussi controversé en Afrique et notamment au Mali que le thème de la pauvreté. Celle-ci a-t-elle reculé malgré les milliards de francs déboursés ces vingt dernières années pour la combattre ? Si les indicateurs des organismes les plus autorisés sont fiables, alors la réponse est non et clairement non.

 Les institutions de Bretton-Woods l’ont dit et le Pnud l’a répété : la pauvreté a gagné autant en amplitude qu’en ampleur dans l’Afrique démocratique, celle supposée de la bonne gouvernance. Notre pays ne fait pas exception qui se trouve dans les profondeurs des classements malgré le fait indiscutable qu’il y a eu plus d’écoles ces dernières décennies, plus de centres de santé, plus de routes. Le député de Gao, dès lors, est en droit de se poser et de poser des questions sur la pertinence de nouveaux prêts pendant qu’il n’a pas la preuve de l’impact des engagements précédents.

Monsieur le député, il n’ y a pas d’autres preuves qui pourraient vous être données autrement que l’existence matérielle de bâtiments, de table-bancs et ceci et cela. Car dans la nomenclature trompeuse des technocrates, un projet de construction de salles de classes, c’est d’abord un projet de lutte contre la pauvreté. Idem pour un dispensaire. Peu importe si les classes n’ont pas de maître, les enfants pas de livres, les dispensaires pas de médecins. Peu importe ici le critère d’efficience – c’est-à-dire est-ce que nous ne pouvions pas deux ou trois fois plus avec le montant investi-. L’applaudimètre des courtisans suffit là ou se constatent  la mort des contrepouvoirs, la trahison des élites et la dilution des valeurs. Rien ne renforce autant ces hypothèses que les propos du président reconduit de l’IUT selon lesquels, ces cinq dernières années, l’Afrique vient en tête des indicateurs du point de vue du téléphone mobile.

C’est la direction que prennent les richesses du seul continent où la faim a progressé, qui a désinvesti de l’agriculture, qui devient de plus en plus corrompu et dont, scandaleusement, le PIB de toute une sous-région est loin de valoir celui de la petite Belgique.

Adam Thiam

 

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