Six jours après l’attaque sanglante du village de Sobame Da dans la commune de Sangha, haut lieu de culture dogon dans le cercle de Bandiagara, les jeunes resserrent les rangs à Bamako. Qu’ils viennent de partis politiques au pouvoir ou de l’opposition, ou d’organisation de la société civile, peu importe les obédiences, ce 15 juin 2019 a marqué un pas pour avancer. Politiques, activistes et artistes de tout bord conjuguent désormais : recueillement autour du monument de la paix, resserrement autour du drapeau du Mali et l’hymne national, mais aussi projection pour un Mali uni pour mettre hors d’état de nuire tout acteur porteur de projet différent. L’intégrité territoriale, la paix, la sécurité, la quiétude des populations, l’unité et la cohésion nationale, la République laïque et démocratique étant le seul agenda qui vaille, sans dichotomie ni démagogie. Et l’initiative est de la jeunesse qui se veut fer de lance d’une nouvelle approche mobilisatrice. Se recueillir à la mémoire des victimes de l’attaque contre le village de Sobame Da et se projeter dans l’avenir.
Quelques figures : Cheick Oumar Diallo, Master Soumy, Malick Konaté, Djimé Kanté, Moussa Nimaga, Abdoul Niang ; têtes baissées ou le regard perdu dans un lointain incertain, mines serrées, les jeunes se sont retrouvés sur la place du monument de la paix, telle une grande famille unie dans le deuil, mais aussi dans l’amour de la patrie que rien ne peut dissiper. « Je suis malien, je suis Dogon, je suis Peul », aucune pancarte ni aucune banderole ne pouvait mieux traduire le deuil porté en ce lendemain de crimes odieux perpétrés successivement à Kolougon, Dioura, Ogousagou et Obame Da.
Après Obame Da, c’est le recueillement, mais aussi un sentiment de ras-le-bol, de révolte chez les populations impatientes de voir les Famas et les armées de pays amis et des Nations rétablir l’ordre. La colère gagne le rang des députés qui lancent à la figure des ministres du gouvernement présents à l’hémicycle lors d’une séance plénière, « nous ne sommes pas en face d’un conflit intercommunautaire, ayons le courage de dénoncer la France, qui prend la posture du pêcheur en eau trouble ».
Les artistes comédiens, chanteurs et rappeurs se mettent aussi dans la danse, développant un élan patriotique. Le chanteur, rappeur Master Soumy n’y va pas avec le dos de la cuillère : « Nous devons, ensemble, prendre d’autres initiatives pour montrer notre tristesse afin que ces tueries prennent fin. Le monde entier est présent aujourd’hui au Mali. Les soldats présents au Mali dépassent tout entendement, toutes les forces sont présentes au Mali : Minusma, Barkhane, G5 Sahel… Ils sont venus de partout. Mais nous sommes toujours dans le pétrin. Il est temps que les autorités maliennes, les amis du Mali et le monde entier nous disent la vérité ».
B. Daou