Edito : Les Maliens entre pessimisme et espérance !

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Ce mercredi, 18 août 2021, ça fait  déjà un an jour pour jour que  le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP)  a déposé, suite à une longue insurrection populaire menée par le M5-RFP,  Ibrahim Boubacar Keïta et son régime despotique, clanique  et corrompu. Cette  junte militaire, sous la contrainte de la Communauté Internationale,  a fini par accepter  l’avènement d’une  Transition militaro-civile  dirigée  par  un président, Col Bah N’Daw  et un Premier ministre, Moctar Ouane.

 

Ces deux têtes de l’exécutif, des  personnalités  civiles même si le premier est un militaire à la retraite, ont été désignées par la junte.  Mais le président de la Transition, pour compléter l’exécutif,  était secondé  par un Vice-président en la personne du Chef de la junte du CNSP, Assimi Goïta.  Le Conseil National de la Transition,  nommé par ce dernier, avait  aussi pris fonction avec en sa tête, Col Malick Diaw, Premier vice-président  de la junte. Des civils et des militaires cohabitaient au sein d’un Gouvernement où tous les postes régaliens revenaient aux  militaires putschistes ou leurs proches.

 

Cette expérience  politique n’a pas fait long feu. Puisque le 24 mai 2021,  soit neuf mois  seulement d’exercice, le  président de la Transition et son PM sont arrêtés  par  celui qui était  encore  l’ex  vice-président de la Transition. En homme fort, il  mit  fin au pouvoir du  Col Bah N’Daw et Moctar Ouane (les deux sont toujours en résidence surveillée) et s’empare  du poste du président de la Transition. La nouveauté dans l’actuelle gouvernance transitionnelle réside au fait que  les putschistes, cette fois-ci,  se sont in fine retournés vers leurs alliés naturels (le M5-RFP) afin qu’ils prennent la tête du  Gouvernement militaro-civil actuel.  Cette alliance des putschistes  avec  ce mouvement  hétéroclite, qu’ils avaient  pourtant ignoré  pendant la première phase de la Transition  mais  sans lequel,  ils ne seraient  pas parvenus  au pouvoir, divise les maliens.

 

Quoi qu’il en soi, une page de l’histoire contemporaine du Mali a tourné. De la survenue  de ce deuxième coup de force,  notre pays est  désormais dirigé par  Col Assimi Goïta comme président de la Transition et Dr Choguel Kokalla Maïga comme Premier ministre.  Ceux-ci  ont solennellement pris l’engagement  devant le peuple malien et la Communauté Internationale de respecter l’Agenda politique   du premier Gouvernement de la Transition : organiser des Assises Nationales de la Refondation (ANR) dont les décisions seront exécutoires  et  des élections générales à partir de février 2022 avec un Organe Unique de Gestion des Elections.  Un engagement que le PM Choguel a également réitéré  lors de la présentation de son Programme d’Action Gouvernementale (PAG).

 

Une utopie pour  de nombreux acteurs et analystes  politiques maliens. Qui estiment que  pour aller à des élections libres, crédibles acceptées par tous les acteurs politiques, il faudra au préalable  que les Autorités  transitoires procèdent   non seulement  à la révision  des listes électorales (pas encore entamée) mais aussi  à  la relecture de la  loi électorale. Tout cela, en sept mois et de façon consensuelle. Quand il est aussi une évidence que l’Etat ne contrôle  actuellement que 20%  seulement du territoire national. L’entame de la grève  des enseignants de la Synergie, pour  boycotter les examens  de cette fin d’année scolaire au niveau fondamental et secondaire, n’est pas aussi de nature à favoriser le climat social.

 

Comme si cela ne suffisait pas, voilà le tableau s’assombrir  davantage  par  la persistance  d’ attaques récurrentes  contre les  populations civiles, des enlèvements et assassinats ciblés des mêmes populations, l’interdiction  aux paysans d’aller  effectuer  leurs travaux champêtres.  S’y ajoute : la soumission  de certaines localités du Centre  au payement de taxes dus aux  mouvements terroristes. des attaques récurrentes de convois militaires, de cars de transport ainsi que des   braquages  de populations  civiles. Cette réalité criarde  fait plonger  de nombreux   citoyens maliens dans le pessimisme.

 

Toutefois, il persiste une lueur d’espérance.  Le Mali peut sortir de l’incertitude politique et les populations du pessimisme. Le PM Choguel,  homme instruit, très cultivé et  pétri d’expérience politique, peut bien relever le défi politique. Il a  certainement  tous les atouts intellectuels et politiques nécessaires pour  pouvoir rassurer les nombreux pessimistes qui ne sont pas forcément ses détracteurs.  Il  ne doit donc  pas se lasser d’aller  à la rencontre  de ses compatriotes pour leur expliquer le bien-fondé de sa politique de Refondation. En somme,  le  Gouvernement  Choguel doit, par l’entame des réformes politiques  basiques,  donner des gages aux populations.

 

Pour ce faire, Choguel doit avoir le courage  d’expliquer  aux  maliens la  nécessité d’une  rallonge de la Transition.  «Je crois qu’on est en train de tourner autour du pot. Nous sommes dans une logique de prolongation que personne n’ose dire et le Plan d’action du gouvernement s‘inscrit dans cette dynamique», n’a-t-il pas  déjà déclaré Prof Mamadou  Samaké, analyste avisé de la politique malienne !  Lequel est convaincu que  le Mali ne peut pas tenir les élections en respectant ses engagements internationaux comme le protocole de la CEDEAO interdisant toute réforme politique à moins de 6 mois des élections.

 

Gaoussou Madani Traoré  

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