Edito / Les limites du tête à tête sahélo saharien

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Les liens fonctionnels suspectés entre Boko Haram et Aqmi qui endeuillèrent, cet été, la capitale nigériane, après avoir fait des otages britannique et italien laissaient présager d’un plus grand périmètre d’action contre le terrorisme dans notre sous-région.

 La rencontre interministérielle de la Cedeao que Bamako abrite en ce moment sonne le glas de la doctrine sécuritaire qui enferme sur les pays dits du « champ » la solution à l’une des menaces les plus sérieuses à la sécurité globale. Or, que le champ, en certains de ces pays, soit l’épicentre, le sanctuaire ou la cible de la terreur salafiste ne justifie pas de riposte qui circonscrive d’autres variables, d’autres acteurs, et cela moins pour la cohérence géostratégique que pour des mobiles géopolitiques. Nul besoin d’avoir été formé à Saint-Cyr ou Sandhurst pour comprendre ce qui, il y a juste quelques mois, était un jeu mais qui prend de plus en plus l’allure d’une tragédie régionale, voire plus, avec les retombées faiblement anticipées de la mèche libyenne dans la poudrière sahélo-saharienne.

Où tout est casus belli : les oueds qui craquellent ainsi que les rares arbres qui chutent sous le changement climatique ; le désarroi d’une jeunesse qui a très peu d’opportunités de vie décente ; la culture naissante de revendication armée ; prises d’otages et deals fumeux ; dealers peinards et passeurs assassins. Dans le temps, le Kadhafi des visions mégalos avait rêvé d’un empire personnel qui s’étendait théoriquement de Tripoli à Zanzibar. Il ne l’a pas eu. En retour, le couloir de l’insécurité s’est forgé de Tripoli à Zanzibar. Même le Kenya, havre du tourisme mondial, n’y échappe plus.

Les chancelleries occidentales sont moins promptes à y déclencher l’alerte rouge comme au Mali, mais on enlève et le crime organisé paré du sabre du jihad frappe à Mombassa et enlève à Lamu. Dans une Corne de l’Afrique dont la famine, la précarité économique et la forte natalité constituent la première violence. Il va donc sans dire, que pour la paix du monde, le tête à tête sahélo-saharien a atteint ses limites. Reste le courage politique de tenir compte de ce nouveau paradigme. Mais ne perdons pas espoir au rythme où la réalité dépasse la fiction…                                                            

Adam Thiam

 

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