Edito : les démons du coup d’Etat s’emparent du Niger aussi

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Après le Mali, la Guinée Conakry et le Burkina Faso, c’est au tour du Niger de connaitre des bruits de botte à la porte du palais présidentiel avec le seul dessein d’écourter le mandat du Président démocratiquement élu par le peuple nigérien, en l’occurrence Mohamed Bazoum. Les mutins ont avancé comme prétextes de leur forfaiture, l’insécurité, la mauvaise gouvernance avec son lot de corruption. Curieusement ces arguments sont presque les mêmes de la part des putschistes dans les quatre pays sous transition. Si ces raisons sont fondées pour certains, elles ne sont que fallacieuses pour d’autres. En effet,  les putschistes de ces quatre pays n’ont en réalité  que la boulimie du pouvoir. Ce qui est aberrant ce que ces quatre pays sont en peloton de tête, pour ne pas dire qu’ils battent le record de coup d’Etat en Afrique de l’ouest. Ne sont-ils pas  en même temps les pays les plus pauvres de la planète ? Comme pour dire que la résolution des crises qui secouent les différents pays ne saurait résider dans les coups d’Etat. Ils sont d’ailleurs un recul et pour la démocratie, et pour l’économie et pour le social. En faisant un arrêt sur image du cas du Niger on se rend compte que ce pays vient de connaitre son cinquième coup d’Etat. Le premier en avril 1974 contre Diori Hamani, l’avant dernier en 2010 contre Mamadou Tandja.

Pour des nombreux           analystes, après une alternance pacifique qui a permis à Mahamadou Yssoufou d’accéder au pouvoir par la voie des urnes, le pays avait retrouvé toute sa place dans le concert des nations démocratiques. Mieux encore Mahamadou Yssoufou, après deux mandats passés à la tête du Niger a transmis pacifiquement  le flambeau à Mohamed Bassoum en 2021. Deux ans seulement après  l’élection de ce dernier,  l’armée, prête à troquer le treillis contre la veste, s’est emparée du pouvoir contre la volonté du peuple. Regroupée au sein du Conseil National pour sauvegarde de la Patrie, CNSP, une partie de  l’armée vient de décider de mettre entre parenthèses cette belle expérience démocratique qu’a connue le Niger depuis 2010. Malgré les condamnations quasi unanimes des organisations sous- régionales, régionales et internationales, les mutins n’ont pas cédé. Ils disent détenir le Président Bazoum et que sa sécurité est assurée. La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, CEDEAO, va-t-elle s’accommoder de cette énième prise du pouvoir par la force aux antipodes de ses principes ? Quid de la force en attente de la CEDEAO, en gestation, que le nouveau président en exercice de la conférence des chefs d’Etat,  le nigérian Tinubu compte accélérer sa mise en place pour palier la rupture constitutionnelle et lutte contre le terrorisme ?

La question que toute personne bien réfléchie doit se poser est celle de savoir  Où a-t-on vu un pays se développer dans une instabilité chronique ? Le Niger est l’un des pays les plus pauvres de la planète et il est deuxième pays parmi les quatre sous transition, à avoir battu le record en rupture constitutionnelle, après le Burkina Faso, avec cinq coups d’Etat en 63 ans d’indépendance. Les nouveaux maîtres du Niger mesurent-ils les conséquences de leur acte, surtout que leur forfaiture est perpétrée au moment où le Niger est en proie à la violence Djihadiste et à une crise alimentaire aigüe. Si à ces deux crises gravissimes vient se greffer une crise institutionnelle, alors le Niger est parti pour 20 ans de recul démocratique, économique, social et même culturel.

En somme, il est grand temps que la sous-région ouest africaine sorte de ces cycles infernaux des coups d’Etat pour se tourner résolument  vers le développement harmonieux de notre zone, pourtant réputée être stable jusqu’en 2020.

                                                                                                                                        Youssouf Sissoko

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12 COMMENTAIRES

  1. Ouf de soulagement : Il reste donc chez nous encore au moins 1 (UN) journaliste capable d’utiliser son cerveau (et donc d’en posséder un!), et encore capable de raisonner comme toute personne sensée… appartenant au 21ème siècle !

    Bravo Sissoko, je pensais que nous n’en avions plus aucun !

  2. C’est le démons de la France qui est l’origine de tous ces soit disant “coups d’État”, sinon des redressements patriotiques.
    Alors, cher journaliste, allez vous plaindre à Paris pour ces forfaiture au Mali, au Burkina et au Niger, et à l’OTAN pour ses forfaitures à travers le monde depuis plus de 3 décennies (Serbie, Irak, Syrie, Libye, etc.)

  3. IL dit des vérités dérangeantes.
    Chaque coup d’Etat est un échec et un désastre économique.
    Moi je soutien ces putschistes mais je suis obligé de reconnaître que leur amateurisme est désastreux pour le Mali.
    La vague populiste à la mode en ce moment finira par se retourner contre les militaires si ils ne trouvent pas rapidement le moyen de sortir le pays de la crise économique. C’est ce qu’à dit Choguel Maïga. Il n’a pas tard. C’est un menteur professionnel qui dit souvent des vérités

  4. Qui était derrière les coup d’ état perpétrés contre les pères de l’ indépendance ? Puisque’ il fallait éliminer les présidents de l’ époque alors les coup d’état étaient encouragés par les occidentaux , Modibo Keita , Kwame Nkruma , Patrice Lumumba pour ne citer que ceux là ! Ces présidents ont contredit les occidentaux au profit de leurs souveraineté nationale , alors il fallait les écarter ( un certain Jacques foccar était le spécialiste de l’ elysée si je ne me trompe pas ) . Aujourd’hui les coup d’état sont désapprouvés alors que les auteurs parlent de souveraineté !
    Mr Sissoko meconnaissez vous l’ histoire tout en ignorant les réalités des époques ou suivez-vous aveuglement certains concepts parce que vous êtes incapable de remettre en cause la parole du maître ? Sinon la france à :
    1_ poussé les touaregs à la rébellion après avoir été chassée par Modibo . L’ armée française a fait semblant de quitter le Mali via l’ Algérie et s’ est installée au confin du désert pour pousser les touaregs à la rébellion .
    2_ aidé Moussa pour renverser Modibo .
    3_ aidé ATT pour renverser Moussa .
    Mr Sissoko comment pouvez-vous soutenir le langage de gens qui à une époque cautionnement le coup d’état et à une autre époque veulent interdire le coup d’ état sans chercher à savoir le pourquoi ? Il faut être un perroquet , être dépourvu d’ autonomie dialectique pour ne pas voir que la france est contre la souveraineté africaine et non les coup d’état . Un militaire honnête et patriote est obligé d’ intervenir lorsque les politiciens trahissent le peuple en l’ aliénant et en le maintenant dans la logique d’ achat de conscience !

  5. Mr Sissoko en réalité c’est pas la démocratie qu’on est entrain de prôner en Afrique, mais plutôt l’intérêt des impérialistes. Alors qu’aujourd’hui ce sont les peuples africain qui vomissent ces sangsues, pour vous dire que les coups d’état vont continuer à la suite de ces quatre. Mr Sissoko vous avez intérêt à faire de bonnes analyses, c’est trop pauvre, c’est plutôt des critiques et non constructives, vraiment!!!
    Et puis tu appelles tes autorités PUTCHISTES, mais une question, pouvez vous jurer au nom de Dieu et ta plume que vous pouvez appeler une autorité quelconque d’un pays de la CEDEOA si c’est pas au Mali. C’est pour vous dire vous avez de la haine contre les panafricanistes, c’est pourquoi vos analyses sont toujours biaisées, erronées.

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