Edito: les coulisses d’une guerre éclair au Mali

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Isabelle Lasserre et Thierry Oberlé, deux journalistes du “Figaro”, expliquent comment la France a conduit sa guerre au Mali. Un modèle du genre.

 

 

Le gouvernement malien et les rebelles touareg du MLNA ont finalement enterré la hache de guerre, ouvrant la voie à la tenue de l’élection présidentielle prévue le mois prochain. Mais cette étape n’était encore qu’une éventualité lorsque l’ouvrage d’Isabelle Lasserre et de Thierry Oberlé – tous deux journalistes au Figaro – était sous presse, ils n’ont donc pas pu l’évoquer. Ces livres écrits à proximité immédiate de l’événement qu’ils relatent sont appelés “instant books” dans le jargon éditorial. Ils s’apparentent donc plus en principe à une enquête journalistique rapide qu’à un examen fouillé d’un événement historique. Pourtant, cette fois, la première guerre de François Hollande est décrite avec recul. Car les auteurs ne la font pas débuter le 11 janvier dernier, avec la descente de colonnes armées vers Bamako brutalement stoppée par les forces spéciales françaises, qui y perdront un pilote d’hélicoptère Gazelle. Ils ont choisi de remonter plus haut, plus précisément en 2009.

 

 

Requin

À cette époque, l’état-major des armées met au point, parmi d’autres scénarios, le plan Requin. Depuis des mois, les djihadistes d’Aqmi se sont implantés dans une zone montagneuse, l’adrar des Ifoghas, frontalière de l’Algérie. À Paris, on n’est pas dupe : le groupe Aqmi est instrumentalisé par Alger, qui se garde bien d’imperméabiliser sa frontière, laissant les ravisseurs d’otages occidentaux se ravitailler sur son sol. Dès cette époque, écrivent Lasserre et Oberlé, le cadre général d’une intervention au Sahel était prêt. Ne manquait que la date : “Rarement une opération militaire fut aussi bien préparée. Seul le déclenchement de Serval n’avait pas été anticipé par les officiers généraux. Officiellement, en tout cas. Les planifications successives visaient à reconquérir le Nord et non pas agir au Sud pour bloquer une colonne de djihadistes en mouvement.”

 

 

Guerre éclair

La guerre que la France va conduire sur le terrain met en oeuvre un savoir-faire exceptionnel. En quelques jours, les troupes arrivent du Tchad et de Côte d’Ivoire pour renforcer les forces spéciales, bientôt rejointes par les forces envoyées de France. Sur le terrain, la reconquête est rapide, les Français se tenant officiellement aux côtés des forces maliennes, alors que celles-ci n’ont en réalité pratiquement joué aucun rôle. Le cadre des opérations est, rappellent les auteurs, différent de celui mis en oeuvre en Afghanistan, dans un contexte, il est vrai, totalement différent : “Bouger, ne jamais s’arrêter. L’autonomie du chef sur le terrain, l’intelligence de la situation, les effets d’opportunité sont systématiquement privilégiés. (…) De cette conception de la guerre naît la folle équipée qui conduit les militaires français, à très vive allure, jusqu’à la frontière de l’Algérie.” Il faudra trois semaines aux Français pour chasser les gangstéro-djihadistes de la partie nord du Mali.

 

 

Confusion sémantique

La guerre n’est pas finie et le gros des 3 500 soldats français demeurant au Mali y restera jusqu’à la fin du processus de l’élection présidentielle. On appréciera aussi que les auteurs, fines mouches, n’aient pas voulu s’associer à la vulgate des spin doctors de l’Élysée et de la défense, qui emploient systématiquement le terme “terroristes” pour désigner les djihadistes maliens, parfois purs et simples gangsters et trafiquants de tout poil, voire nationalistes touareg qui ne se sont pas associés aux Français. Nos deux confrères pointent la “confusion sémantique” des raconteurs d’histoires qui oublient que “les islamistes, combattus par Paris dans le Sahel, sont souvent nos alliés en Syrie face à Bachar el-Assad, ou le furent en Libye”.

 

 

On l’aura compris : il s’agit d’un bon livre, dont la rapidité de réalisation n’exclut pas la justesse et la qualité des informations. Il aide à comprendre ce qui s’est passé et sera utile à l’avenir, malgré l’absence d’un index qui aurait été fort profitable !

 

 

Par Jean Guisnel

 

Lepoint.fr

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1 commentaire

  1. Mr Jean Guisnel le Journaliste,les deux livres que vous éssayez de nous informer de leurs contenus,ne sont réellement des LIVRES BIZARRES écritent par des journalistes SANS MÉMOIRE.
    Ces LIVRES qui ne parlent pas de la PARTICIPATION DE L´ARMÉE MALIENNE.
    Sans l´Armée Nationale du Mali,GAO et TOMBOUCTOU ne serraient pas Libres Aujourd´huie.
    Quels sont les PARTIES TÉRRITORIALES,libérées par la France ensemble avec le TCHAD dont le DRAPEAU MALIEN FLOTTENT aujourd´huie? PAS KIDAL NI TÉSSALITE.
    Les Maliens font cette GUERRE POUR LIBÉRER SON TÉRRITOIRE OCCUPÉ,pas seulement pour chasser les ISLAMISTES ou AQMI,et se FAIRE OUBLIER LES OCCUPANTS.
    A l´aéroport de Kidal sous la protection Francaise,les Francais n´ont mème pas HAUSSER LE DRAPEAU MALIEN AUPRÈS DU DRAPEAU FANCAIS,POURQUOI?
    Pour la VRAIE PAIX AU MALI,LE GOUVERNEMENT DOIT CHERCHER á

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