Pendant que dans le nord du Nigéria, qui ne s’est pas qualifié, le Boko Haram continue de semer la dévastation mais cela est une autre histoire. La CAN est, on le sait, un rendez-vous à ne pas manquer. Et comme chaque édition, celle de cette année aussi n’échappe pas aux critiques les plus acerbes, dénonçant une compétition dont le niveau baisse au fil des éditions, avec des jeux tristes et dépourvus d’imagination, et des buts marqués au compte-gouttes. Et du reste, un joueur de la trempe de Yaya Touré, le meilleur joueur africain, ne parvient pas à combler les attentes sur le terrain. A tout cela viennent s’ajouter les difficultés techniques qui font que souvent on a du mal à voir ou avoir un ralenti quand il y a but, ce qui montre aussi à quel point nos chaines de télévision en Afrique sont en retard. Les problèmes de cette compétition ne s’arrêtent pas là.
Mais venons-en aux Aigles du Mali. L’enthousiasme soulevé par le match à égalité joué contre le Cameroun a fait oublier un temps les vrais problèmes, surtout d’ordre structurel, de cette équipe dont beaucoup n’attendent pas grand-chose jusqu’à preuve du contraire. Ils se sont fait rejoindre au score en toute fin de rencontre. Face à la Côte d’Ivoire, une autre bête noire, devant nos postes de télévision nous avons eu droit au même douloureux scénario. Même s’il ne faut pas avoir honte de dire que rares sont ceux qui s’attendaient à voir cette équipe tenir tête aux Ivoiriens et Camerounais. Mais disons-le, une équipe qui se fait rejoindre au score deux fois en deux matchs ne peut pas ne pas avoir de problèmes. Des problèmes, il y en a bien sûr. Il suffit de poser ces quelques questions : pourquoi amener Soumaïla Diakité (qui s’est blessé) comme seul gardien de but ayant de l’expérience quand on est dans un groupe aussi élevé ? Pourquoi continuer de jouer avec un seul joueur à la récupération quand on subit face à une équipe comme la Côte d’Ivoire ? Pourquoi face aux éléphants les Aigles n’ont pas employé la même rigueur, la même agressivité dans le marquage que face au Cameroun ? Peut-être que nos confrères qui couvrent l’actualité sportive ne sont pas du même avis. Soit. C’est leur droit le plus absolu.
On l’a toujours dit, et le redire ne fera de mal à personne : le jeu à la malienne est souvent soporifique. Il est nonchalant et routinier et avance avec peine. Au point que tous ceux qui suivent un match des Aigles laissent toujours une marge au pire. Même quand les Aigles mènent, ils se disent ou savent que ce n’est pas terminé, qu’ils vont se faire rejoindre tôt ou tard. Et tout cela est déjà beaucoup pour dire à haute et intelligible voix que le football malien a encore une fois besoin de travail, de sacrifices, de remise en cause. Le Mali a plus que jamais besoin d’une équipe bien soudée, avec des joueurs régulièrement sélectionnés. Il est grand temps de rompre avec les (mauvaises) habitudes d’antan, qui font qu’à chaque match, chaque édition de la CAN nous avons une nouvelle équipe. A la coupe du monde de 2014 au Brésil, une équipe comme l’Allemagne a montré à tous l’utilité qu’il y a à avoir des joueurs qui ont joué ensemble pendant très longtemps.
Dans cette CAN 2015, il est clair que rien n’est encore perdu pour les Aigles dans ce groupe aussi serré où tout va se jouer en dernière journée. Ils ont, comme les trois autres équipes du groupe, leur avenir entre leurs mains. Et s’ils veulent atteindre les phases où ils disent habituellement au revoir à la compétition (quart ou demi finale), les Aigles doivent jouer, mouiller le maillot, gagner pour ne pas faire durer encore une fois le suspense autour d’une qualification pour les quart de finales. Il faut y croire et se dire que ce n’est pas impossible. Ils nous doivent cela au moins, sinon leurs deux premières sorties sont à déception moins un : ils peuvent mieux faire.
Boubacar Sangaré