Le OUI l’emportera à coup sûr après la capitulation des grands partis et cette campagne de diabolisation des partisans du NON. L’ADEMA, l’URD, le RPM, l’UM-RDA, PS Yelen Koura, pour ne citer que ces grandes formations, ont appelé à voter pour le OUI. La capacité de mobilisation de ces formations politiques, ajouté à cela la grande influence de l’administration publique et l’utilisation des moyens de l’Etat, il ne fait l’ombre d’aucun doute que le OUI l’emportera au soir du 18 juin. Le seul défi qui reste à relever est celui du taux de participation, car la légitimité de la loi fondamentale passe nécessairement et indubitablement par une participation record des maliens aux opérations de vote. Or, en plus de l’état d’impréparation, qu’il soit lié aux instruments électoraux, cartes d’électeurs, ou au nombre d’électeurs non connus inscrits sur les listes électorales, il y a des inquiétudes par rapport au taux de participation. Que dire des conditions sécuritaires à améliorer, pour une participation paisible des citoyens sans lesquelles conditions point de vote dans plusieurs localités du pays. Le gouvernement doit alors publier la carte sécuritaire en indiquant clairement le pourcentage du territoire où les citoyens peuvent exercer librement leur droit de vote. En effet, la prochaine bataille des opposants à la nouvelle constitution serait sans nul doute celle de la légitimité. Ils croient dur comme fer que le vote ne sera pas effectif dans la plupart des localités du pays à cause de l’insécurité.
Pour rappel la seule adhésion des partis dits grands et même de la kyrielle d’associations et de mouvements de soutien à la nouvelle constitution ne suffit pas pour relever le taux de participation, il faut également les conditions ci-dessus citées pour une grande participation des citoyens. En effet, le referendum pour l’adoption de la nouvelle constitution aura lieu le 18 juin 2023. La campagne a été ouverte le 2 juin et se poursuivra jusqu’au 16 du même mois. Cette dernière étape avant le scrutin est essentielle pour la réussite du projet, car elle permettra aux autorités de vulgariser davantage le projet et mettra surtout aux prises deux camps celui du OUI soutenu par l’Etat et le camp du NON. Il est à rappeler que la contradiction est la première règle de la démocratie. Mais la question qui taraude l’esprit de tous les démocrates est celle de savoir si cette règle élémentaire de la démocratie sera respectée. La réponse est probablement non, surtout quand on sait qu’il y a déjà une campagne de diabolisation des partisans du non et surtout le non accès des opposants aux medias d’Etat.
Le Comité National de l’égal accès aux médias d’Etat est fortement interpellé, lui qui a pour vocation de veiller sur le respect du libre accès de tous les citoyens aux médias publics. Son rôle sera crucial dans le bon déroulement de la campagne. Le gouvernement a tout aussi le devoir d’assurer la sécurité des opposants pour qu’ils puissent se mouvoir sur le terrain afin de transmettre leurs messages aux citoyens. Quant aux partisans comme aux adversaires de la nouvelle constitution, ils doivent faire preuve de tolérance, de civilité et de démocratie pour que ce premier test électoral de la transition puisse se passer dans toutes les conditions de transparence, d’inclusivité et de démocratie. Qu’il y ait du débat d’idées et non un combat de personne. Qu’il y ait la force des arguments et non le contraire. Car ce que certains feignent d’oublier ce que le Mali est le seul héritage en commun que les maliens partagent et que son devenir doit être la préoccupation de tous les citoyens au-dedans comme au dehors.
En somme, La bataille de légitimité est incontestablement celle qui s’annoncera à la fin des opérations référendaires. Les opposants, à défaut de convaincre les citoyens à faire un vote massif en faveur du NON, mèneront le combat pour dénoncer l’illégitimité de la loi fondamentale.
Youssouf Sissoko