Intervenu après quatre jours de suspens et moult rebondissements, le second Premier ministre du second mandat aura été plus le produit d’une césarienne que d’un accouchement normal.
D’aucuns y verront la preuve que la démission du gouvernement mercredi dernier pouvait ne pas avoir été concertée entre les amis de vingt ans que sont Amadou Toumani Touré et Modibo Sidibé.
En politique rien n’est totalement vrai mais rien n’est entièrement faux, non plus. Mais la lenteur dans le choix du successeur de Modibo Sidibé peut aussi avoir d’autres raisons : le président Touré n’avait fini de concevoir les missions et les profils du nouvel attelage et ensuite que bien qu’amateur incurable de symboles, le président a réfléchi et hésité avant de se décider à donner à la République la première femme chef de gouvernement de son histoire. Son pays encore très conservateur reste divisé sur la question du genre et les péripéties du code de la famille -qui eut en plus le malheur d’être peu communiqué- le prouvent amplement.
Or dans un an, le pays joue son destin démocratique avec des élections sensibles. Jamais le contexte sous-régional n’a eu autant d’implications directes pour la gouvernance locale.
La gestion de la demande sociale à un moment où habituellement convergent les revendications sera aussi un front prenant. Même chose pour la conduite la gestion du projet de réformes comme la révision constitutionnelle et le code de la famille qui ont deux ennemis : le temps et le message tel qu’il peut être perçu. Pour toutes ces raisons, l’ordre macho voulait un gladiateur.
ATT a tranché et dans le principe, il a rendu justice à 52% de notre population composés de femmes. Et puis, il ne veut pas passer son temps à surveiller si son Premier ministre n’est pas candidat aux élections qu’il est censé piloter. Reste à souhaiter que le président ait choisi la bonne personne pour le boulot.
Reste aussi à souhaiter que la Première ministre sera loyalement accompagnée. D’où la question capitale de l’équipe. Car au-delà d’un symbole qui est à saluer, il y a la pression du résultat. Elle n’est pas facultative mais indispensable pour boucler un mandat sensible. Un autre remaniement d’ici à juin 2012 ne pouvant être rien d’autre qu’un signe de crise.
Adam Thiam