Trois pièce bleu marine à la place du treillis militaire dont il aimait retrousser les manches, droit sur sa chaise, les pommes saillantes témoignant de ce qu’il appelle la grande hospitalité du « grand-frère Blaise », Dadis a bel et bien recouvré. Et à travers sa première interview depuis le 3 décembre 2009, il a fait à la « chaîne du continent » le plus beau cadeau de nouvel an.
Une bonne heure d’échange avec ce « sorcier » de Abdoulaye Barry dont il n’a pas serré le col cette fois-ci contrairement à sa première interview à Africable en 2009, de bonnes questions et des réponses sans langue de bois de la part de la victime de Toumba. Certes, on peut regretter qu’aucune mention n’ait été faite des événements du 3 décembre où son garde du corps a tiré sur lui le blessant à la tête. Mais, en revanche l’ancien président du Cndd a tenu à préciser deux choses importantes.
A la version qui a circulé après son éviction du pouvoir sur le rôle minime qu’il aura joué dans le coup d’Etat de décembre 2008, il assène sa vérité. Pour lui, un putsch est toujours une action de groupe mais le fait est que c’est lui qui a eu la confiance du groupe pour présider aux destinées de la Guinée, car il était, à ses dires, « digne de confiance et respecté de l’armée ». Dadis reconnaît aussi que Sékouba Konaté lui a coupé les vivres peu de temps après le début de son séjour ouagalais au motif que l’argent qui lui était envoyé revenait en Guinée pour financer les desseins subversifs du capitaine convalescent. « Faux et totalement faux », s’insurge Dadis qui assure avoir accompagné la transition guinéenne de son mieux.
Et les récents propos peu amicaux de Sékouba Konaté à son sujet ? Il n’y répondra jamais, jure t-il. « Je ne réponds pas à un subalterne ». Le subalterne en question est sorti avec tous les honneurs du monde et va bientôt aller s’occuper de la force africaine à Addis-Abeba. Reste à voir si Dadis Camara qui s’est voulu serein, lui, va retourner dans son pays et surtout comment il accompagnera Alpha Condé dont il s’est réjoui de l’élection.
Adam Thiam
