Même si nous sommes fiers de sa position d’économie la plus performante de l’Uemoa, le Mali va mal. Il a mal à son école, cette vitrine de nos ambitions nationales. Il a mal en ses greniers et ses pâturages au sortir d’un hivernage inclément. Il a mal en son processus électoral dont l’indicateur de performance ne peut pas résider dans des points de presse mais dans la production opportune du fichier électoral. Mais là où le Mali a le plus mal, c’est une fois de plus dans son septentrion dont plusieurs localités ont subi des attaques attribuées au Mnla. Un mouvement qui ne se dit plus rebelle mais révolutionnaire. Dans les villes conquises, il a planté son drapeau et organisé une psychose qui a jeté des milliers de nos compatriotes sur les routes d’exil.
Et ajoutant l’injure à la blessure, le Mnla est accusé d’exécutions sommaires de militaires loyalistes et de civils. Au point que, le gouvernement malien, menace de porter cette cruauté devant la justice internationale. Et là où tout cela fait également mal, c’est que nous sommes à seulement trois mois de l’élection qui, par l’obligation d’alternance qu’elle porte, est critique pour notre projet démocratique. Personne ne sait comment évoluera la situation. Il se peut que la grande baraka du pays vienne une fois de plus au secours de citoyens médusés. Une disposition sincère pour le dialogue – le Mali n’a pas la primeur des revendications indépendantistes qui traversent même les vieilles démocraties-.
Dans ce cas, oui : l’élection sera rendue possible au Nord. Sinon, qu’on cesse de nous embobiner : la cour constitutionnelle ne peut rendre aucun avis juridique sur la validité ou non d’une présidentielle sans trois régions sensibles du pays. Seul le politique peut décider. Et si les choses venaient à empirer, l’on sait très bien que valider l’élection sans le Nord est une sorte de récépissé à la République revendiquée de l’Azawad. Coller des affiches le long des avenues quand les populations du Nord se réfugient chez les voisins doit être moralement insoutenable. Mais tout est possible dans un pays trahi où le projet ne va pas plus loin que les nombrils.
Adam Thiam