Edito / Le Mali et la mémoire de Kadhafi

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Bamako renonce à sa marche annoncée contre les chancelleries occidentales qui ont pris part à la campagne de Libye. C’est au grand dam des initiateurs de la manifestation projetée, un regroupement de jeunes musulmans dont beaucoup, comme leur leader Maki Ba, ont été formés en Libye. Mais l’abandon du projet porte une grande marque de sagesse.

Car, plus rien ne fera revenir Mouammar Kadhafi. Prier pour lui est tout ce qu’il sied, en cette heure. Et c’est ce à quoi s’apprête ce vendredi, la grande mosquée de la capitale. Parce que l’ancien Guide, même s’il a été enterré nuitamment comme un voleur, est élevé au rang d’un martyr qui aura beaucoup fait non seulement pour l’Islam mais pour l’avancement de l’Afrique.

Ce mythe est têtu. Et là se trouvera le plus grand problème du Cnt quand il aura décroché sa reconnaissance avec les gouvernants du continent que guidera maintenant la realpolitik : convaincre les opinions africaines que Kadhafi n’a eu que le sort qu’il méritait. Car, Bamako à Ouaga, Dakar, Niamey et N’Djamena seront d’accord avec l’argument même sommaire de l’imam Chérif Haidara pour lequel c’était au peuple libyen de régler son problème avec Kadhafi et non à la communauté internationale de le faire à sa place. Là-dessus, on peut exprimer son désaccord avec la superstar malienne du prêche. A notre avis, l’aspiration à la démocratie doit être un droit opposable.

Limiter ou prévenir le massacre des Benghazi, à cet égard, relevait du devoir de solidarité minimale. Mais pour les peuples africains, tout le but était d’abattre leur héros. Et pour eux, les choses sont claires : si le Cnt cache la tombe de celui-ci pour qu’elle ne soit pas un lieu de pèlerinage, c’est que Kadhafi n’était pas impopulaire en Libye. Un violent contraste avec les scènes de liesses populaires dans les villes libyennes et que montrent les écrans de télé occidentaux depuis sa disparition.           

Adam Thiam

 

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