Edito : Le Bateau Mali continue de tanguer

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Pays de grands conquérants, berceau de vielles civilisations, patrie d’érudits et autres sommités de la connaissance, le Mali, longtemps considéré comme havre de paix, de stabilité  et de cohésion, est  devenu aujourd’hui la risée du monde. Pays de Soumangourou Kanté, de Soundiata Keita, d’Aboubacari II, de Kankou Moussa, de Babemba, de Tiéba, de Firhoun, de Modibo Keita, de FilyDabo Sissoko, ces noms qui sont écrits au fronton de l’histoire du monde, ont fait du Mali l’une des vielles nations au monde les plus enviées. Malheureusement, c’est cette Nation qui est sur le point de s’effondrer  sous la gouvernance  de celui qui  se dit leur digne héritier, à savoir IBK.  Le Mali se meurt dans l’indifférence, voire l’inconscience totale de ceux qui ont la charge de le diriger aujourd’hui.

Le Bateau Mali tangue, il est même sur le point de chavirer dans tous ses compartiments ont pris de l’eau et le capitaine qui le conduit est ivre. Jamais une crise n’a atteint une telle dimension, celle qui touche tous les secteurs socioéconomiques. Jamais le pronostic vital du Mali, en tant qu’Etat, n’a été aussi engagé que maintenant. En effet, nous ne nous lasserons jamais de rappeler  que le gouvernement actuel n’exerce son autorité que sur 25 % du territoire et que cette petite portion qui est sous son contrôle est également en proie à une crise sociopolitique gravissime.  Cette crise, consécutive à la mal gouvernance depuis 2013, a connu son point culminant lors des élections législatives des mois de mars et avril 2020. Lesquelles élections ont fini par convaincre plus d’un, que le régime actuel ne pourra que mener le Mali à la dérive. C’est pourquoi des hommes et des femmes d’obédiences politiques et de tendances religieuses différentes se sont mis ensemble pour créer un mouvement dénommé M5 RFP. Ce Mouvement hétéroclite, une fois mis sur les fonts baptismaux, a exigé la démission du Président de la République et de tout son régime.

Depuis le 5 juin 2020, le Mali est embourbé dans cette crise profonde opposant le M5 RFP, se réclamant du peuple, au régime d’IBK qui s’agrippe sur la loi fondamentale qui est la Constitution pour refuser d’accéder à certaines revendications de son opposition qui est vent débout après quatre grandes mobilisations. Malgré plusieurs  tentatives de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest, CEDEAO, de rapprocher les deux camps opposés, la crise est loin de connaitre son épilogue. Il faut rappeler que malgré des petites concessions de part et d’autre, sur les points saillants, chaque camp est resté sur sa position. Le M5 RFP, même s’il continue de demander la démission du Président de la République, ne fait pas de cette revendication un point non négociable, par contre il demeure intraitable sur le départ du PM, la dissolution de l’Assemblée Nationale et la formation d’un gouvernement d’union nationale. A l’opposé du M5 RFP,  le Président de la République, pour apaiser les manifestants, a abrogé le décret de nomination des membres restant de la Cour Constitutionnelle et se dit non seulement  favorable à la démission des députés dont l’élection est fortement contestée, mais aussi et surtout la mise en place d’un gouvernement d’union nationale autour de son Premier Ministre Boubou Cissé. Insuffisant pour le M5 RFP, qui pense que Boubou Cissé fait partie du problème, donc il ne saurait être la solution.

Pour éviter que le Bateau ne chavire, il revient à son capitaine de trouver les recettes nécessaires pour satisfaire les revendications du M5 RFP, même si cela devrait toucher à certaines de ses prérogatives, car ce Mouvement apparait aux yeux d’une frange importante de maliens  comme étant celui du peuple, donc légitime.

Youssouf Sissoko

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