Edito : L’Afrique à l’envers

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Le syndicat a dû mieux respirer, cette année, sans la faune de rois traditionnels qui escortaient généralement Kadhafi  aux jamborées continentaux.  Et l’Afrique aura eu deux grands moments au 18è sommet de l’Ua. Le premier : les nouveaux locaux de l’organisation, un joyau offert par la Chine. Ce n’est pas que pour les beaux yeux de l’Afrique et les démocrates africains ont des raisons de se soucier d’une lune de miel qui contourne les nécessaires conditionnalités. Mais le symbole parle fort  et avertit fermement l’Occident.

Deuxième moment fort : la présence et le message de Ghanouchi, le président tunisien. Une présence à odeur de jasmin et des propos encourageants de rupture, même s’ils n’ont pas le poids du discours de Nkrumah en 1963. Mais un moment d’histoire est marqué et de surcroît par un pays du Maghreb, ce ventre mou du projet d’intégration continentale.

Et l’on ne peut être que d’accord avec Ghanouchi pour dire oui à un Maghreb plus africain, oui à une Tunisie instrumentale dans la résolution du problème sahraoui, oui à une Tunisie jouant sa partition pour le retour de la sécurité au Sahel-Sahara et oui à une Tunisie œuvrant au retour après l’absence du grand Maroc au sein de l’Ua.

Qui n’a pas été, lundi, l’Union africaine des enjeux africains, des défis africains rendus plus aigus par la faillite du multilatéralisme. La preuve ? L’impasse électorale qui recale Mme Zuma et éconduit Jean Ping n’était pas une fatalité. Elle rend compte simplement de l’hypocrisie et des questions d’égo qui plombent le continent. Et le plus ironiquement du monde, elle étale le paradoxe d’une institution qui tient à élire plus démocratiquement son commis principal que ses chefs d’Etat, classiquement issus d’élections tripatouillées et sanglantes. Il faut dire non à cette Afrique à l’envers  qui va dans l’arène mondiale avec la misère de ses familles et le désarroi de sa jeunesse.

Adam Thiam

 

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