Edito : La Peste ou le choléra ?

1

Les jeunes de Gao ont dansé hier autour du scalp du Mnla. Pourtant, la fierté de voir flotter de nouveau le drapeau malien ne doit pas leur laisser l’illusion de la libération. Parce que d’abord, les  islamistes n’ont pas forcément gagné la guerre , ensuite, si les barbus ne sont pas des spécialistes des larcins, ils sont loin d’être les bons samaritains que la cité des Askia a fêtés hier. S’ils sont allés aussi loin, s’ils risquent tous les jours leur vie, s’ils ont renoncé au confort des villes pour des grottes à scorpion, c’est qu’ils ont un projet plus important que leur vie. Ils ne renonceront à ce projet pour rien au monde et il a pour nom : salafisme.

C’est-à-dire retour à l’islam des sources  avec tolérance zéro pour tout écart du dogme. Les hommes s’habillent d’une façon précise, les femmes se voilent, les confréries sont haram, le loisir est satanique et la charia reste  la seule voie. La doctrine rigoriste qu’ils professent n’est donc  pas compatible avec  l’islam très brassé de Gao, Tombouctou, Kidal et d’autres régions du Mali. Ils sont venus pour imposer leur doctrine qui est pour eux la seule orthodoxe et ils ne reculeront devant rien pour le faire. Il faut que nous en soyons convaincus. Reste qu’elle a gagné une bataille significative, laissant à ces jeunes ne serait ce que le temps d’une désillusion, la libération qu’ils attendent encore de leur gouvernement, qui  ne leur envoie, pour l’ instant,  que des messages de félicitations.

Mais il n’en demeure pas moins que la bande à Belmoktar-qui aurait dirigé les opérations d’hier selon certaines sources alors que d’autres le disent malade- n’a pas encore gagné la guerre contre la rébellion touareg. Sa victoire -même provisoire- de Gao confirme ce que nous redoutions tous, à savoir que c’est Aqmi, le vrai maître du jeu au Nord-Mali. A cet égard, le ver était dans le fruit depuis plus longtemps que janvier dernier où le Mnla a publié son premier communiqué de victoire.

Tout le monde a été roulé dans la farine : Ansardine qui enterre des Touareg tués par son marionnettiste ; les idéologues de l’indépendance de l’Azawad ; les avocats défenseurs d’une communauté touareg victimisée à souhait ; les payeurs de rançons.  Seule consolation pour Gao : il n’a plus à la fois la peste et le choléra mais l’un des deux fléaux.

Adam Thiam

 

Commentaires via Facebook :

1 commentaire

Comments are closed.