Bien avant le premier tour de la présidentielle et il le répétait à qui voulait l’entendre, c’était la conviction de Jean Marie Doré que les élections devaient être co-organisées par la Ceni et le Ministère de l’Administration Territoriale. Le premier n’est pas de la plus grande efficacité mais c’est la trouvaille chouchou des démocraties africaines. L’autre est rarement neutre mais elle dispose de la logistique qu’il faut pour être efficace.
Et même si le premier ministre guinéen n’aime pas reculer au front et qu’il passe pour professer l’orthodoxie en démocratie, il ne pouvait ignorer que cette exigence renouvelée entre les deux tours allait créer de l’émoi. De surcroît, dans le contexte de fortes suspicions et d’injures infâmantes auxquelles personne n’échappe. Ni Sékouba Konaté, ni Tibou Camara, encore moins lui Doré qui ne déteste pas descendre dans l’arène.
Conséquence de ce feuilleton à rebondissements qui fait saluer la démocratie guinéenne le matin et la vouer aux gémonies le soir, les nerfs commencent à lâcher. Un peu de tout le monde. Y compris de Cellou Dalein Diallo qui a pourtant été jusque-là, d’une parfaite maîtrise de soi et d’une grande sérénité.
Le challenger d’Alpha Condé, s’il l’a fait avec le sourire, a pourtant été d’une ferme clarté : pas question, pour son parti, de laisser changer les règles du jeu pour l’échéance du 19 septembre, date fixée pour le second tour d’une présidentielle dont tout laisse croire que les résultats seront contestés. Le leader du RPG, on le sait, a posé près d’une vingtaine de conditions dont toutes, et peut-être les plus importantes ne peuvent être satisfaites. Question de temps pour faire face à des problèmes de fond.
Et aussi, question de principe car accéder à ces desiderata équivaut, dans une certaine mesure, à reconnaître que le premier tour ne valait rien. S’il n’est pas entendu, Alpha Condé ne boycottera pas le scrutin. D’abord, il reste encore beaucoup de marge pour mobiliser parmi ceux dont les voix ont manqué au premier tour. Ensuite, son alliance avec Lansana Kouyaté et Papa Koli Kourouma vaut de l’or en barre.
De plus, le professeur se trouve dopé par le front récemment constitué autour de lui par une cinquantaine de partis même si c’est plus pour le choc psychologique que l’impact arithmétique. Et puis, il y a que Condé pourra toujours récuser le verdict des urnes sans trop passer pour un mauvais perdant, puisqu’il avait…averti.
Quant au candidat de l’UFDG, sa défaite serait d’autant moins acceptée par ses militants qu’elle relèverait, pour eux, du mathématiquement surréaliste et d’une franche volonté de la transition d’éliminer leur champion. Problème donc, dans tous les cas de figure. Avec ou sans élection. Le Groupe de Contact le subodore qui a encore décidé d’actionner Sekouba Konaté pour qu’il produise encore une de ses décisives fatwas démocratiques. Avant la rupture avec cet empêcheur d’élire en rond qu’est le résistant Jean Marie doré ?
Adam Thiam