Edito : La guerre « des deux » aura bien lieu

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Fin de suspens à Conakry. Le premier tour aura eu ses faits de gloire, notamment un taux de participation qui doit inspirer toute l’Afrique, une relative diligence dans la proclamation des résultats avec deux jours de retard par rapport au délai accordé par la loi électorale. Il aura eu également et hélas ses regrets : sans doute un scrutin qui pouvait être mieux organisé et très certainement ses candidats auraient pu être un peu plus fair-play. Mais, au moins les grosses frayeurs sont passées et voici annoncée pour le 18 juillet la finale tant attendue entre Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo. 

Ainsi donc, après avoir tenu tête à Lansana Conté dont il a connu les cachots, Condé livrera ce jour un de ses derniers combats. Il sera le premier président démocratiquement élu de la Guinée ou il retrouvera sa place d’opposant historique. Dans le premier cas, nombreux sont ceux qui verront dans une telle consécration le juste salaire de son engagement politique. Dans le second cas, et malgré l’âge, il ne rendra pas la vie agréable à celui qui lui aura raflé la mise.

 Le chemin de Condé est toutefois long jusqu’au palais. Long parce qu’il aborde la dernière épreuve avec la moitié des voix de son challenger. C’est un gros handicap et dans la plupart des cas, avec un tel écart, on penserait que la messe est dite. Des alliances sont-elles  possibles pour que l’opposant historique renverse la tendance ? Bien sûr, dans l’éventualité du TSD (tout sauf Dalein). Les voix de Sidiya Touré, Lansana Kouyaté, Papa Kourouma, Abé Sylla et quelques autres.

Mais une telle dynamique d’abord n’est pas sans conséquence sur la cohésion nationale car elle ne manquerait pas d’être perçue comme un complot anti-peulh. Ensuite, c’est la realpolitik et la qualité du relationnel qui pourraient s’imposer. Car Condé n’est pas Chirac et Dalein n’est pas Le Pen. Et puis, on ne le dit pas assez : ce sont les Forces vives qui sont en finale après tout. Donc, la Guinée qui ne peut être gouvernée que par le rassemblement. Car après l’élection, le souvenir du 28 septembre 2009 sera là, avec ces corps jetés à la mer, ces gosses bousillés dans le dos, ces femmes violées. Bref le martyre quinquagénaire d’une nation qui ne se laissera plus faire.

Adam Thiam

 

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