Edito : La France franchie !

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Si l’adulé d’hier devient aussi impopulaire, il doit se poser des questions, se remettre en cause. L’heure n’est plus à chercher pourquoi Bamako a expulsé le représentant du gouvernement français de ses terres. L’on doit se demander si le message légitime d’exigence de respect porté par l’Etat malien (et bien d’autres sur le continent) est bien perçu à Paris. Il semble que oui. C’est ce qui justifie que le Quai d’Orsay, ait simplement « pris note » du renvoi de Joël Meyer.

Ce que d’autres Etats africains pensent donc tout bas, le Mali l’exprime désormais admirablement tout haut. Il urge en effet que la France colonisatrice se considère désormais comme franchie ou même affranchie de ce passé peu glorieux. Celui de l’exploitation, de la domination et du paternalisme encombrant. Et nombreux sont les peuples du continent noir qui n’hésitent plus un seul instant pour se dresser droits dans leurs bottes et dire un révoltant non ! Maliens, Guinéens, Burkinabés, Nigériens, Béninois, Togolais, Sénégalais, Ivoiriens, Gabonais, Congolais, Tchadiens… sont désormais résolument déterminés à franchir l’obstacle français contre leur autodétermination. Au nom de quoi c’est Paris qui doit «élire » nos dirigeants à notre place ? En étiquetant tels autres d’ « illégitimes » et en adoubant d’autres, la France exacerbe la révolte dans nos rangs. Et nul ne s’étonnera de l’effet d’un jet de pierre dans un essaim d’abeilles…

Comment cela pourra-t-il en être autrement, si 62 ans après nos indépendances (1960), la France père fouettard s’imagine devoir poursuivre à administrer ses coups de fouet ? « Les temps ont changé ! » Paris doit se le prendre pour dit.

A l’Etat malien d’agir désormais sur les leviers appropriés, les canaux diplomatiques indiqués pour accorder ses violons avec ses voisins de la CEDEAO, pour plus de répondant à ce éveil des consciences. Il est, d’ores et déjà, soutenu par les peuples au-delà de ses frontières. Et il devient vital de franchir le rideau français, pas en s’isolant dans le concert des Nations. Tout compte fait, si elle n’est pas franchie aujourd’hui, la France doit s’affranchir de son encombrant cordon ombilical. 

Bruno Djito SEGBEDJI

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