Edito / La bataille du troisième tour

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Jeudi, le monde séduit tombe aux pieds de Gbagbo et Ado à la fin d’un débat dont les protagonistes paraissaient avoir bien saisi la dimension pédagogique. Une prophylaxie de la paix qui a permis un vote globalement recevable ? On ne voit pas comment ce scrutin malgré ses faiblesses pourrait être annulé. Il faut tout de même noter que dimanche soir, l’inventaire du scrutin permettait quelques constats importants.

Selon les témoignages, la qualité du second tour était, en effet, nettement inférieure à celle du premier tour ; le taux de participation peut avoir baissé et ce n’est une bonne nouvelle certes pour aucun des candidats mais le camp houphouettiste aurait plus de raisons de s’en inquiéter. Il s’y ajoute plus d’incidents, des morts avant et après le scrutin, des cas d’intimidations qu’au premier tour et ce dans toutes les Régions, le Nord Rdr, l’Ouest Fpi, le Sud Pdci. Mais selon toute vraisemblance, ce sont les bastions Rdhp qui pourraient le plus crier à l’obstruction. Bref couvre feu total ou partiel, mesure d’apaisement ou stratégie d’apeurement, Abidjan, la nuit dernière, a plus prié dans l’intimité de ses salons que dansé le long de la Rue Princesse.

 C’est aussi un jour tendu qui se lève pour la Côte d’Ivoire jusqu’à 15 heures où, semble, t-il la Cei pourrait donner les résultats provisoires. Le conditionnel est de rigueur et de toute rigueur. Car Gbagbo et Ado jouent tous les deux leur va-tout et chacun pèserait de son poids pour faire pencher la balance de son côté. Ils se sont engagés publiquement à ne pas déclarer de résultats venant de leurs états-majors respectifs. La main sur le cœur, ils avaient tous deux juré à ne s’en remettre qu’à la seule Cei. Plus les résultats seront serrés, plus ils donneront lieu à la contestation et plus leur proclamation traînera en longueur.

 Quoiqu’il arrive, depuis hier la Côte d’Ivoire a plus intérêt au troisième tour : celui de la paix. Au nom de laquelle, tant de moyens, d’efforts et d’espoirs ont été investis. Ironiquement, au pays du coupé-décalé comme presque partout sur le continent, répétons-le plus par afro-réalisme que par afro-pessimisme, l’urne semble le problème, pas la solution.

 Adam Thiam   

 

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