Edito / L’exemple marocain

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Ce n’est pas que le Roi n’a pas anticipé ou a peu offert : ses concessions du 9 mars signifient qu’il sait que ces temps sont de ruptures. Ce n’est pas non plus que le Maroc est épargné par la quête de démocratie et de mieux-être qui souffle sur toutes les poches de déficit et en particulier sur le granit arabe ou que là aussi, l’offre n’est pas suffisante.

C’est que le royaume chérifien a compris que les exigences de ces moments ne sont pas négociables, que personne ne peut, sur la durée, vaincre avec la matraque ou l’intimidation. Mohamed VI a pris les devants. Son peuple l’a pris au mot et il veut plus. Des milliers de manifestants, une dizaine de villes, des slogans et sans doute des excès inhérents au vertige du mur brisé de l’inhibition. Le projet de nouvelle constitution proposé confié à un parti et attendu officiellement en mi-juin après de larges consultations avec les forces sociales et politiques parlera pour l’Afrique mais aussi pour l’ensemble de la nation arabe.

Avec les concessions faites hier pour améliorer la qualité de vie des travailleurs marocains, la future constitution du nouveau Maroc ne fera pas oublier les martyrs de la Tunisie, de l’Egypte, de la Libye, du Yémen, d’Oman, de Bahrein ou de la Syrie. Mais elle prouvera que tirer sur un peuple ou le brutaliser n’est pas une fatalité. Que le royaume chérifien, sans verser de sang, conduise le processus engagé à son terme ne sera pas la victoire du seul Maroc, mais la victoire de la nation arabe, de la nation africaine et de l’homme tout court.

En vérité, la seule dignité d’un pouvoir est de s’ouvrir au dialogue, de refuser l’autisme et l’orgueil, de canaliser le stock de violences accumulé par la jeunesse, c’est-à-dire nos enfants devenus l’écrasante majorité de nos sociétés. Des violences accumulées au fil des frustrations formées, des attentes déçues et du prisme enivrant d’une mondialisation qui n’en finit pas de diffuser Las Vegas sur nos télés, nos Ipad et nos Pc. Et sous ce regard, le Maroc est en train de nous offrir vraiment le printemps.

Adam Thiam


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