Chaque jour que Dieu fait, le scandale lié au volet malien du Fonds mondial de lutte contre le palu, la tuberculose et le Sida prend de l’ampleur. Une dizaine de fonctionnaires indélicats sont sous les verrous et des commerçants véreux sont alpagués. Le Mali a déjà remis dans les caisses du Fonds plus de 140 millions de francs CFA. Et le procureur chargé de la lutte contre la criminalité financière, Sombé Théra, est enfin sorti de son hibernation, pour accorder une interview à Télé Bozola. Bon, en lieu et place d’une interview, il faut plutôt parler de babillages et d’énumérations de faits déjà connus. Et l’intervieweur, pourtant un professionnel dans l’âme, n’a pas osé titiller le cousin. Voir Sombé jeter des coups d’œil furtifs à son texte était la preuve, si besoin en était, que l’entrevue était préparée d’avance et le questionnaire passé au peigne fin… juste pour éviter les surprises désagréables. Ou, juste pour rire…
Il faut retenir de cette triste saga de vol et de magouilles qui ternissent l’image du Mali, un fait constant. Le scandale a pris une telle proportion par rapport aux sommes en jeu (moins de 6 milliards CFA au total) parce que l’argent volé appartient aux Américains en majorité. Sinon, le Végal vient de rapporter la dissipation de 112 milliards appartenant au Mali, personne n’a été inquiété. Les individus en cause ont eu le tort de voler « l’argent des Blancs » comme on a pris maintenant l’habitude de le dire dans le cercle des criminels et escrocs de l’administration publique. Et l’argent des Blancs n’est pas celui du Mali. Aux Etats-Unis, au Canada, dans certains pays de l’Union européenne, on gagne de l’argent en travaillant, dur, à la sueur de son front. Et les mandants de ces citoyens prélèvent des taxes et impôts sur des salaires durement gagnés pour, en partie, aider les nations fainéantes du monde à avancer. Les dirigeants de ces pays sont sous l’effet d’une imputabilité de gestion. Tant que les Maliens se contentaient de voler l’argent du Mali, tout allait bien. Tant qu’ils volaient l’argent de la France, les réseaux mafieux de la Françafrique colmataient les brèches. Mais l’argent des Américains et des Canadiens doit arriver à destination. Ces Etats ne tolèrent aucune forme de prévarication et les sanctions ne tardent pas à tomber.
Il est triste de le dire aujourd’hui : les fonctionnaires et commerçants embastillés ont eu le tort de voler des sommes provenant d’Etats forts et puissants qui ont les moyens de récupérer leur argent ; d’Etats qui ne sont intéressés par aucune forme de copinage et de tolérance face à la mauvaise gestion et à la magouille. Les clients du Vérificateur général peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Ils ne seront pas inquiétés. Et, une fois l’argent des Blancs remboursé par le Trésor public malien, les fonctionnaires et commerçants emprisonnés se retrouveront à l’air libre. Il ne se passera rien. Et la « justice » malienne, unique dans son genre au monde, décidera de les dédommager et des les réintégrer dans leur fonction, avec avantages et avancements. Tout reviendra à la normale au pays de l’impunité et du laxisme.
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