Nampala, Dioura, Guiré, Boulkessi, Mondoro, Tessit,…les FAMa continuent de subir des attaques « surprises », occasionnant des morts. Oh mon Dieu, jusqu’où le sang arrêtera de couler ? Ce qui semble de plus en plus évident, c’est que ce n’est pas demain que le Mali va cesser d’ensevelir les corps de ses enfants tant civils que militaires, victimes d’attaques terroristes. Victime d’un complot des politiques et de la hiérarchie militaire, notre armée est en train d’être décimée. Pour preuve, chaque jour, au moins trois (3) militaires meurent. A quand la fin de l’hécatombe ? Les jeunes soldats, sans aucune expérience, sont envoyés à la « boucherie » alors que des officiers sont tapis à Bamako, dans les salons climatisés. Qu’avez fait de votre serment?
Il faut avoir le courage de le dire. Le Mali est un pays victime de certains de ses fils, en complicité avec une communauté internationale qui lui a imposé une guerre géostratégique. L’appât du gain facile et le désir de vivre permanemment dans le luxe ont entrainé les décideurs tant politiques que militaires du pays à pactiser avec le diable. Les réseaux terroristes se financent avec les trafics (otages, migrants clandestins, bétails, cigarettes, drogues, armes, carburants,..). Lutter contre ces trafics permet d’assécher les sources de financement des groupes extrémistes violents. Or, cela est impossible aujourd’hui parce que les responsables du crime organisé ont réussi à corrompre l’élite en charge de notre destinée.
L’exemple le plus patent de la collusion entre acteurs internationaux et locaux de l’économie criminelle est sans conteste celui « d’Air cocaïne » de 2009. Ce Boeing 727 venant du Venezuela et chargé de 10 tonnes de cocaïne dont la valeur est estimée à 300 million d’euros, qui a atterri à Sinkrébaka, dans la région de Gao. Les cartels colombiens qui ont acheminé cette drogue dans notre pays ont bénéficié de la complicité d’agents de l’aviation civile malienne, des FAMa (qui ont sécurisé la piste et la cargaison) de trafiquants locaux et ouest-africains qui ont permis d’acheminer la cargaison à travers quatre itinéraires différents : le Sud du Mali, l’Algérie, le Niger et le désert malien. Selon plusieurs analystes, le rôle d’Aqmi et certains responsables locaux a été déterminant dans l’acheminement d’une partie de cette cargaison de cocaïne. Grâce à ses réseaux établis en Mauritanie, en Algérie et au Maroc, le groupe terroriste Aqmi a réussi à faire sortir du Mali des quantités importantes de cocaïne vers l’Europe pour le compte de narcotrafiquants colombiens, africains, espagnoles, etc.
Durant les dix dernières années qui viennent de s’écouler, ce sont ces genres de trafics qui ont prospéré et ont généré des ressources financières importantes dans notre pays. « L’argent sale » qui en a été tiré a servi à financer des terroristes sans foi ni loi qui tuent quotidiennement en grand nombre militaires et civils.
Ainsi, de manière progressive, l’économie criminelle a pris la place de l’économie légale avec ses cortèges de dégâts matériels et de destructions de vies humaines, tout en continuant de menacer sérieusement la stabilité de la sous-région et à saper les fondements de notre jeune État et de notre légendaire vivre ensemble communautaire.
Parmi les soldats qui tombent sous les balles des terroristes avez-vous déjà identifié le corps d’un haut gradé ou de l’enfant d’un haut gradé de notre armée ? Faudrait-il encore s’étonner de la fréquence des attaques surprises auxquelles sont exposées nos camps militaires quand on sait que le pouvoir militaire est sous le contrôle des réseaux mafieux-criminels ?
Les forces internationales (Barkhane et Minusma) vont-elles s’allier à nos FAMa pour combattre les groupes terroristes avant la mise en place effective des nouvelles réformes territoriales et institutionnelles imposées par la communauté dite internationale ?
La présence des groupes armés terroristes ne justifie-t-elle pas le maintien chez nous dans la durée des forces internationales ?
Ces différentes questions valent leur pesant d’or. Dans la mesure où les entreprises multinationales franco-américaines qui convoitent les ressources stratégiques du Sahel, telles que le pétrole, l’uranium, le lithium, le cobalt, les terres rares, l’eau douce,…auraient intérêt à ce que le chaos y s’installe afin qu’elles puissent s’approprier ces ressources ou au mieux, éviter qu’elles ne tombent aux mains de leurs concurrents russes ou chinois.
C’est pourquoi, près d’une décennie après le massacre d’Aguelhok, le sang continue de couler sur le sol malien, au nom d’une prétendue guerre menée par des forces armées étrangères contre le terrorisme. Jusqu’où le sang des pauvres et impuissants maliens arrêtera-t-il de couler ?
Aliou Touré