Edito : notre jeunesse, notre (des)espoir

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Ce lundi 30 décembre 2017, la jeunesse africaine sera à l’honneur. En effet, le XXVIIIè  Sommet de l’Union Africaine (UA), qui débute ce jour, à Addis-Abeba, a choisi de se placer sous le thème : « Tirer pleinement partie du dividende démographique en investissant dans la jeunesse ». Voilà qui n’est pas sans susciter l’espoir, espoir des parents, pères et mères de famille, mais, également, espoir des jeunes livrés au chômage, dépourvus de tout repère, totalement dépolitisés, ignorant pratiquement tout de leur pays.

Le taux brut de scolarité s’est considérablement amélioré. Si l’on s’en tient aux statistiques officielles, nous ne sommes pas loin d’avoir réussi l’exploit de la scolarisation universelle. C’est donc massivement que nos jeunes fréquentent nos écoles fondamentales, nos établissements d’enseignement secondaire, technique et professionnel, nos facultés et nos instituts. Mais, pour quel résultat ? Si la fréquentation y est, le produit est franchement mauvais.

Nous ne sommes pas, nous Maliens, les seuls à vivre ce drame. Le spectacle est le même dans toutes les grandes agglomérations africaines, spectacle d’une jeunesse qui a terminé ses études et qui ne trouve pas à s’employer pour l’une des deux raisons : soit la formation reçue laisse à désirer, soit elle n’est pas adaptée au marché de l’emploi.

Par conséquent, si les sommités du continent ont choisi de se pencher sur le dossier de cette jeunesse afin de dégager des solutions pour résorber le sous-emploi et le manque d’emplois, cela ne peut que réjouir.

Cependant, gardons-nous de tout optimisme béat. Ce XXVIIIème sommet sera comme tous les sommets précédents : une grand-messe, des discours, des déclarations et beaucoup de papiers destinés à aller nourrir les archives car, une fois le sommet passé, personne ne les consultera plus.

Du reste, ce ne sera pas la première fois qu’un sommet se penche sur le sort de la jeunesse du continent. Le 4 décembre 2005 s’est tenu, à Bamako, le XXXIIIè Sommet Afrique-France, le sommet de la revanche de Jacques Chirac sur Alpha Oumar Konaré. Le thème en était : « La jeunesse africaine, sa vitalité, sa créativité, ses aspirations » Il a été précédé, les 8 et 9 novembre, du Forum de la Jeunesse Africaine : 53 jeunes, soit un par pays membre de l’UA, une centaine de jeunes Maliens venus des différentes régions du pays et une délégation franco-malienne ont élaboré un document soumis aux chefs d’Etat et de gouvernement présent au Sommet.

Les sujets de préoccupation y sont clairement identifiés : l’emploi, l’insertion, la santé, les nouvelles technologies, la diaspora franco-malienne. Qu’en est-il sorti ? Rien ! Les résolutions adoptées sur le sujet auraient dû faire l’objet d’une évaluation lors du récent Sommet  tenu, de nouveau, dans notre capitale, les 13 et14 janvier 2017. Mais, nous sommes dans des systèmes de gouvernance ignorant ce qu’est la continuité dans les actions. Et personne n’a eu l’idée de rouvrir le dossier. Espérons que ce ne sera pas le cas après le sommet qui s’ouvre aujourd’hui, à Addis-Abeba ; espérons-le afin que notre jeunesse cesse d’être notre désespoir, redevienne notre espoir.

LA REDACTION

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