EDITO / International : Pourquoi Conakry plutôt qu’Abidjan

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 Compaoré a choisi, le samedi, d’aller là où il pouvait encore faire quelque chose. Et de toutes les manières, il avait pris un peu de recul sur la Côte d’Ivoire, la mission qu’il s’y était assigné étant de mettre en dialogue les frères ennemis, d’amoindrir les risques de rupture entre Gbagbo et Soro avant l’élection et pas de gérer au quotidien les psychodrames du pays d’Houphouët. C’est également, dans une large mesure, le mode opératoire du président burkinabé sur la Guinée.

Sauf qu’en Guinée, contrairement à la Côte d’Ivoire, plus le scrutin approchait, plus les menaces augmentaient. Compaoré, par ce déplacement, peut il les conjurer ? Rien n’est moins sûr. Le gentlemen agreement de Ouaga, la poignée de mains entre Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé devant Sékouba Konaté, le projet – pour l’instant non exécuté – des deux Guinéens d’aller ensemble apaiser les électeurs dans les villes secouées par la violence pré-électorale, constituent autant de braises sous la cendre. La Côte d’Ivoire des  mémorables charniers était passée par là. Mais elle se sera réfrénée même si on ne peut pas y exclure le risque de la tempête qui remettrait tout en cause.

 Le double facilitateur a parlé aux finalistes Diallo et Condé. Mais non seulement, ce n’est pas la première fois qu’il le fait mais triste réalité que tout le monde cherche à dédramatiser à tort, la bataille a quitté le terrain politique pour envahir le front très inflammable de l’ethnie et de la région. Donc c’est bien de pouvoir tenir un second tour et un second tour paisible le 7 novembre. Malheureusement, quand l’ambiance est autant viciée et l’objectif autant perverti, le plus important n’est pas que le candidat gagne mais qu’il ne concède pas la défaite.

A cet égard, le président burkinabé qui est lui-même candidat à sa succession dans quelques petits jours, n’est certes pas venu à Conakry par acquit de conscience mais pour finir un boulot ingrat. Et que Conakry ou Abidjan brûle, l’habile homme d’Etat a su faire de ses diverses missions de facilitations un prolongement de sa politique intérieure. Celle sur laquelle ses compatriotes l’éliront ou le recaleront. La première hypothèse plutôt que la seconde, sauf si les Dieux sont tombés sur la tête.

 

Adam Thiam

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