Pour le monde, Danielle Mitterrand s’identifiera toujours à la tragédie kurde et à la cause tibétaine. Pourtant, l’auteur prolifique et atypique du « printemps des insoumis » ne s’est jamais éloignée de l’Afrique. Avec bec et ongles, elle a soutenu les libertés fondamentales dans le Maghreb des années de plomb. Peut-être pour éviter les débordements dont les printemps arabes peuvent être les vecteurs. Et on s’imagine que ce n’était pas toujours du goût de son présidentiel mari, du protocole et des coutumes de la République.
Quand elle ne se battait pas pour les libertés, l’activiste était sur le front de la solidarité avec ceux qui souffrent. Avec un plaidoyer convaincu et convaincant, elle fut l’une des pionnières de la lutte contre le Sida, ciblant essentiellement notre continent. Le Mali a eu le privilège de recevoir deux fois sa visite sous le premier mandat d’Alpha Oumar Konaré. La deuxième fois, c’était le 28 janvier 1997 où la première dame de France reçut tous les honneurs.
La première fois, Danielle Mitterrand trouvait un pays dont les activistes dopés par l’esprit de la Baule, venaient d’avoir raison des vingt trois ans de Moussa Traoré pour qui son seul tombeur c’était le couple Mitterrand. On se souvient que lors de cette première visite, toujours dans le mépris des formes et du protocole, Mme Mitterrand a tenu à retrouver, aux côtés de Allaye Boureima Touré, alors président du Collectif des ONG, le monde de l’humanitaire se faisant l’avocate généreuse du paysannat africain. Avec les mots et la générosité propres aux êtres d’exception et d’anticipation. En vérité, elle s’était indignée bien avant les insurgés qui assiègent Wall Street et tous les autres lieux d’égoïsme.
Adam Thiam