Le tête à tête entre la grande France et l’Afrique multiple s’achève dans quelques heures comme tous les rendez-vous où la forme prime sur le fond. Bon point pour Sarkozy : le chef de l’Etat français a réussi son baptême du feu en réunissant à Nice plus de présidents africains que ne le peuvent, généralement, les sommets de l’Union africaine.
Mais en invitant, contre les lois de l’organisation continentale, les chefs de junte Sékouba Konaté et Saliou Djibo, le Français savait qu’il n’allait pas faire plaisir à tout le monde. Et là-dessus, le plus puissant des leaders africains, Jacob Zuma n’a pas mâché ses mots. Ses propos ont le poids de la vingtième économie du monde et ce n’est pas rien. Paris enverra sans doute une mission à Pretoria pour expliquer qu’il voulait juste faire valider par les congressistes la jurisprudence qu’il vaut mieux Saliou Djibo que Mamadou Tandja et Sekouba Konaté plutôt Moussa Dadis Camara. Second problème, la discussion surréaliste qui se déroule à Nice sur la représentation africaine au Conseil de Sécurité sous la coprésidence de Sarko le Français, de surcroît membre héréditaire de l’organe onusien tant convoité et Paul Biya l’arlésienne des sommets africains.
Le tout sans l’attention requise sur les acquis antérieurs comme le consensus d’Ezulweni et le sommet de Syrte 2005 où une position commune africaine a été adoptée sur la question. Deux postes étant le minimum pour qui connait le marigot africain, sauf à vouloir créer la seconde grave zizanie sur le continent après le monstrueux partage de Berlin. Nice à cet égard ne prolonge pas l’UA. Il la désavoue.
Adam Thiam