Deux des présidents qu’Obama reçoit ce weekend ont beaucoup à partager : ils sont tous les deux investis depuis moins d’un an ; ils sont tous les deux issus d’élections; ils font partie des rares stars africaines de l’Occident. Et puis, ils déclarent tous les deux avoir été victimes de tentatives d’assassinat ou de putsch pratiquement à une semaine d’intervalle.
Le Nigérien Mamadou Issoufou n’a pas été entendu sur le putsch manqué. Alpha Condé de la Guinée, a lui, commenté son assassinat manqué, tant dans les médias guinéens qu’internationaux. Tous les deux ont, il est vrai, des raisons de s’inquiéter. Le Niger est fertile en coups d’Etats et en coups de théâtre et il compte présentement deux anciens chefs d’Etat ; un qui ne voulait pas partir et un autre qui ne voulait pas rester une seconde de plus même si son entourage ne partageait pas unanimement sa position. Donc on peut rechercher les mobiles d’un projet de putsch dans les frustrations des anciennes équipes dirigeantes. Encore que le premier cadeau du pouvoir Issoufou fut à Tandja, le père désormais libre du tazartché. En Guinée également, les frustrations ne manquent pas entre les amis de plus en plus désavoués de Dadis par le président Condé -Papa Koli Kourouma et Jean Marc Teliano- et les proches de Sékouba Konaté qui ne sont plus loin de crier à l’ingratitude. Mais le processus démocratique nigérien charme par ses contre-pouvoirs et la combativité de sa classe politique alors que la Guinée est cette Mecque historique de l’intrigue qui se trouve à des années-lumière du réflexe démocratique.
L’ironie de la semaine est d’ailleurs qu’Obama soit en train de féliciter un Condé que le Quai d’Orsay réprimande comme un enfant, lui enjoignant de protéger la liberté de la presse et de préparer les législatives. Dadis aurait répondu à Bernard Valéro, le porte-parole de Juppé, que la Guinée n’est pas une préfecture de la France. Alpha Condé se garderait d’une mise au point aussi désinvolte. Mais les péripéties de la Guinée actuelle, malgré les pommades de Washington,
Paris et Bruxelles, sont celles d’un pays qui n’a pas encore vu le bout du tunnel. A cause essentiellement de l’irresponsabilité de la communauté internationale. Premier ministre, Jean Marie Doré s’est battu pour le principe démocratique du référendum pour une constitution scandaleusement adoptée par ordonnance. En outre, il voulait les législatives avant la présidentielle pour éviter la confiscation ou la baisse d’enthousiasme pour ce scrutin fondamental à tout projet de démocratie. Personne ne s’est montré aussi peu réceptif à ses propositions que les chancelleries de Conakry. Les voilà, en train de parer au plus pressé. Que vaut désormais une médaille de Paris ou de Washington ?
Adam Thiam