Edito international / Du pétrole oui, Boko Haram non !

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Mohamed Minga, un Peul de 35 ans est celui que les médias, citant le porte parole de Boko Haram -un autre Abuzeid- croient à la base de la sanglante attaque du vendredi dernier.  L’homme qui ne crevait pas la misère, avait, semble t-il, prit le soin de partager sa fortune entre ses cinq gosses avant d’aller commettre son forfait dans un calme olympien dont se sont vantés plus tard ses compagnons. Plus impressionnant, la presse rapporte que la veille de l’attaque-suicide, Minga était admiré par le petit groupe qui lui prédisait ce que voudrait tout musulman : le paradis. Le récit de la presse nigériane nous donne froid dans le dos.

D’abord par la froideur avec laquelle tant de vies ont été arrachées à l’affection des leurs, comme si l’expédition soutenue par force versets coraniques  était levée contre des oiseaux venus dévaster des champs pour lesquels les villages auront sué sang et eau. Ensuite, par l’effroyable constat s’imposant à tout sahélien désormais que le danger peut venir autant des étendues désertiques que des villes bondées. Sauf si l’hypothèse  est recevable que Boko Haram est une gangrène nigériane qui ne peut proposer qu’au Nigeria.

Parce que grosse de rancœurs purement locales, allant de la cohabitation parfois éruptive entre chrétiens et musulmans à la frustration de politiciens du Nord inconsolables de n’être pas à la place de Jonahtan Goodluck, en passant par des points de doctrine sujets à caution. Mais justement, le problème c’est que tout cela se passe dans un Nigéria faisant face à la turbulence du Mend et à l’irrédentisme localisé d’un Iboland nostalgique du Biafra, le tout dans un contexte de corruption généralisée et de grande porosité d’Etats qui, en bien des régions, sont d’une inquiétante unité culturelle et historique. Une invocation s’impose dès lors : que le Nigeria exporte son pétrole mais qu’il garde Boko Haram !

Adam Thiam

 

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