Pas de SMS, cybercafés et bureaux fermés, rues désertes : Abidjan, le mardi soir tâte son pouls après une élection historique pour laquelle Ban Ki Moon se congratule et salue le peuple ivoirien. Quelques heures plus tôt, c’était Obama qui plaidait pour un scrutin paisible et transparent.
Et à sa suite, c’était Nicolas Sarkozy qui rappelait aux candidats leurs responsabilités sur ce que pouvait devenir la Côte d’Ivoire après une élection sans grands incidents dimanche. Ce lundi cependant, alors que la Ceni s’engage à proclamer les résultats malgré quelques difficultés dans l’acheminement des documents électoraux, les Ceni des militants diffusent les résultats en Côte d’Ivoire et dans les pays voisins.
C’est normal dans un sens et ce phénomène est imputable au temps mort entre le scrutin et ses résultats qui, en Afrique, peuvent prendre des jours voire des semaines. Heureusement que nous n’avons jusque-là entendu aucun candidat revendiquer la victoire ou tenir des propos bravaches ou incendiaires. S’ils acceptent les résultats attendus dans quelques petites heures, Gbagbo, Ado et Bedié auraient mis presqu’irréversiblement la Côte d’Ivoire sur le chemin de la démocratie et auraient démontré, à la face du monde, que le temps mis à faire mûrir leur processus n’a pas été perdu.
La reconstruction du pays qui fut l’eldorado des enfances ouest-africaines viendrait alors beaucoup plus facilement. Car le pays d’Houphouët a tous les arguments qu’il faut : un port sur deux pays enclavés, le Mali et le Burkina Faso tous deux en pleine croissance ; des infrastructures certes à reconsolider mais qui existent déjà ; une part léonine des richesses de l’Uemoa. Bref, tout pour redevenir la perle d’antan. Avec en plus un problème d’intégration nationale auquel des solutions durables commencent à être apportées même si ce fut toujours dans la douleur et dans le sang parfois.
Une élection aux résultats acceptés, et c’est cela l’enjeu, gomme en effet la Côte d’Ivoire des glacis ethnistes ou régionalistes et des partitions de fait pour restituer le pays fier et brassé que nous rencontrons toujours avec plaisir sur les stades de football. Gbagbo, Ado et Bedié dont dépendent aujourd’hui la paix ou la guerre dans leur pays ont l’occasion unique d’imiter les Eléphants de Drogba et de Harouna Touré. Ils peuvent et doivent faire en sorte que Dieu redevienne Ivoirien comme s’en vantaient les Abidjanais les années fastes.
Adam Thiam