Il n’y a que les Sud-Africains qui feront attention au score du match qui opposera cet après-midi les Bafana-Bafanas à la sélection mexicaine. Ils pleureront de joie ou de tristesse, car le test du premier match est crucial pour le pays organisateur. Nous leur disons bon vent mais qu’ils comprennent, eux aussi, leurs concitoyens africains que le Mundial intégrera plus facilement que ne le fera l’Union africaine, ne serait-ce que le temps d’une courte communion.
Car dans quelques petites heures, le reste de l’Afrique aura l’œil rivé seulement sur le spectacle d’avant, pour ainsi dire, le match de tous les enjeux, de tous les dangers et peut-être de toutes les fiertés. Enjeu parce que l’Afrique doit prouver qu’elle sait organiser les rencontres de dimension planétaire ; danger parce qu’elle a très souvent fait naufrage au port ; fierté enfin si l’on entend le monde dire : « c’était presqu’au fascinant que l’ouverture des Jeux Olympiques de Beijing ». Pour le reste, nous savons à quoi nous en tenir. Aucune équipe du continent n’est classée parmi les favoris de cette édition.
Et comme Pasteur, le football a démontré qu’il n’y a pas de génération spontanée. Ce qu’on récolte c’est ce qu’on a semé. Les Drogba, Essien, E’too sont tous des stars et parmi les grands de ce monde. Mais une équipe c’est toujours un peu plus que la simple addition de ses individualités.
Peut-être ce qui va rester, après les luxueux stades, les hôtels flambant neufs et sans doute des pertes financières sèches, c’est le regard du monde porté sur un pays dont la majorité était discriminée et confinée il y a juste quinze ans, sa capacité à assurer la sécurité des grands événements, et le crédit qu’il tirera d’une réussite reconnue. Pour son malheur ou son bonheur, le continent sera jugé par ce que le pays de Mandela aura fait de ce Mundial. Sous ce rapport, le défi est donc éminemment politique.
Adam Thiam