Edito inter / Otan productions présente : Le grand bluff

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Si Kadhafi était tombé la semaine du vote de la résolution 1975 Sarkozy, Cameron et Obama auraient été vivement salués comme les sauveurs au grand cœur du peuple libyen livré à la folie meurtrière de son Guide.

Car à ce moment là, on voyait volontiers la contagion tunisienne et égyptienne s’emparer du voisin libyen, on voyait les insurgés aux portes de Tripoli, et un médecin français lié par le serment d’Hippocrate ira jusqu’à témoigner qu’il y eut, en trois jours, plus de 2000 tués à Benghazi. Pour tout le monde, Kadhafi n’avait qu’une obsession : le génocide dans la Cyrénaïque pour éradiquer l’aspiration de son peuple à la démocratie libérale. Mais Tripoli a tenu plus longtemps que ne le souhaitait la coalition. Les insurgés qui, au début, rejetaient tout recours à l’Occident ne jurent plus que par les bombardiers de l’Otan.

La sollicitude de Paris, Londres, Rome ou Washington a fini par faire d’eux les chairs à canon d’une guerre dont l’objectif stratégique se révèle au fil des interprétations que l’Otan fait de la résolution onusienne.

Entre l’Egypte et la Tunisie nouvelles, Kadhafi est un obstacle à la démocratie libérale, il faut donc l’enlever. Mais au plan du bien-être, une des causes des bourrasques qui ont emporté Ben Ali et Moubarak, on ne peut comparer la Libye ni à la Tunisie, ni à l’Egypte. Le pays de Kadhafi c’est 14000 dollars de revenu annuel moyen en plus de la gratuité de l’éducation, de la santé et du logement, sans compter de nombreux autres avantages.

La gouvernance ? Seul, le Guide, il est vrai croit en sa doctrine surannée. Et c’est dommage que l’élan réformiste de Seif El Islam ait été stoppé. Si le fils avait été suivi, le clan des Kadhafi n’aurait pas vécu aujourd’hui dans des souterrains. Mais le déficit démocratique ne saurait être une raison pour envahir un pays.

Le devoir d’ingérence humanitaire invoqué pour intervenir en Libye ne pouvait en aucune manière sous-tendre une logique d’agression. Qu’on tue les Kadhafi ou qu’on les juge à la Haye, le défi de l’Otan est de convaincre de la justesse de son action en Libye. Surtout quand on sait que c’est l’armée saoudienne qui s’est portée au secours de l’allié bahreïni et qu’Assad tire tous les vendredis sur le peuple syrien.

Adam Thiam

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