Edito inter : Laissés pour compte

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Sous les débris ou au fond des mers : soit les bombes de l’Otan, soit  le chemin périlleux de Lampedusa. Dans les deux cas, la mort  peut-être au bout. Et elle a été souvent au rendez-vous pour les émigrés africains en Libye, qui, avec plus de 2000 morts, constituent les plus grandes victimes collatérales de la résolution 1973 dont le caractère humanitaire fut tant vanté par le petit carré omnipotent et l’Onu, son sous traitant principal.

La tragédie des ressortissants subsahariens mangés par la mer n’émeut pas grand monde. Les Libyens de Benghazi  voient en eux des mercenaires pro-Kadhafi. Le chancelant pouvoir de Tripoli n’a pas le temps de veiller sur eux et pendant longtemps ils  furent rançonnés et maltraités par leurs voisins.

L’Otan a d’autres chats à fouetter qui n’a pas même daigné répondre au cri de détresse que lui lança au moins une fois un bateau en perdition. Nationaux d’états fragiles, frileux ou sans grande capacité, personne ne sait combien ils sont de Maliens, Nigériens, Sénégalais, Guinéens, à avoir perdu la vie avant l’île interdite. Combien de familles à Bamako, Niamey, Dakar, Conakry, savent-elles qu’elles ne recevront plus d’argent de leurs fils prodigues, que ceux-ci ne reviendront plus jamais au pays natal ? Quelle arrogance ! Toute une nation porte le deuil d’une trentaine de soldats morts au front conformément à la loi de la guerre.

Juste le contre-chant convenu de l’Union européenne qui réaffirme son adhésion au principe d’assistance à personne en danger. Une promesse qui n’engage pas. Car ceux qui sont en danger ne sont vraiment personne. Rien que de la statistique. Et mieux, des chiffres originaires de l’Afrique qui toute honte bue, a perdu sa capacité d’indignation. Devant le double standard occidental. Devant le détournement prémédité de la résolution onusienne. Et devant ses nationaux qui meurent en série sous l’œil indifférent des garde-côtes.

Adam Thiam

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