Edito inter : Attention au tribunal des vainqueurs en Rci

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Plus qu’à la soif du pouvoir reprochée par certains à Alassane Ouattara, c’est à l’entêtement suicidaire et incendiaire de Gbagbo que la Côte d’Ivoire doit sa tragédie : les charniers, les pillages, les masses jetées sur les routes d’exil, le traumatisme des résidents et bien d’autres fléaux.

Le Rassemblement houphouettiste a gagné la présidentielle de novembre et pour cela son candidat avait le droit pour lui. Le reste relevait du passage en force qu’a tenté Gbagbo et de la résistance qu’il rencontra en chemin, jusqu’au jour où il comprit que c’était plié, que ses plans diaboliques pour s’accrocher étaient voués à l’échec, l’un après l’autre. Quel gâchis ! Mais ce qui devait arriver est arrivé. Avec ses excès, ses menaces intestines, ses scènes horribles, ses violences gratuites. Abidjan, péniblement retrouve le sourire et la vie suite aux efforts méritoires du camp houphouettiste ainsi que des pro-Gbagbo rendus à l’évidence et au verdict de la légitimité.

Yopougon sera-t-il plus l’ambiance bon enfant de la rue princesse que les ossements exhumés des charniers ? La vitesse avec laquelle le pays reprend montre que cela est possible. Mais au cas contraire, on ne peut plus invoquer ou incriminer Gbagbo. C’est Ouattara qui est aux commandes : il a eu le triomphe modeste et les gestes d’apaisement qu’il faut. Il lui reste à se battre contre le baroud résiduel des faucons du Fpi mais aussi et surtout contre les autistes du camp de la victoire, donc son propre camp. Le tribunal des vainqueurs est ce qu’il y a de plus facile aujourd’hui en Côte d’ivoire.

En somme, organiser donc le Nuremberg des pyromanes aujourd’hui vaincus, juger Gbagbo et le trouver coupable, soustraire du châtiment les proches du nouveau pouvoir coupables de crimes punissables. Et couvrir tout cela du fragile manteau du processus Dialogue, vérité et réconciliation, au lieu d’aller à la nécessaire catharsis. Mais cela ne réconciliera pas le beau pays avec lui-même. Cela ne favorisera pas le pardon sans lequel la braise restera longtemps sous la cendre.

Adam Thiam

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