Dans un sens, paix à son âme, Michel Germaneau est délivré, car sa souffrance est finie, lui qui en plus de l’âge souffrait du cœur et des rigueurs d’un climat qui lui étaient imposées. La bête s’en glorifiera. Pourtant, c’est un autre matin de défaite pour l’homme tout court. Parce que dans l’autre sens, l’otage ne méritait pas de finir ainsi, qu’il soit mort par manque de médicaments ou le cou tranché selon le rituel qui ne peut pas être le rituel de Dieu.
Germaneau a été, sans doute, la victime d’un péril qui s’est installé à nos portes, qui n’est pas la créature de notre pays mais qui nous fera payer de plus en plus cher, en termes d’image, de réputation et de fréquentabilité. Tant qu’il restera là parmi nous, divisant nos volontés et nos capacités communes à l’éradiquer en commun.
Toutefois, sans polémiquer en ces heures qui sont de deuil pour la famille de l’ingénieur plus que pour toute autre personne, le Français est mort parce qu’il était condamné, comme l’a bien résumé Nicolas Sarkozy. Il était condamné parce que Nouakchott ne négocie pas. Tant pis pour les humanitaires qui se portent au chevet de ses nomades. Ils paieront leur générosité avec leur vie et personne n’a le droit de leur tendre la main. Mais, s’il était encore en vie ce jour, Germaneau était encore plus certainement condamné par le raid infructueux du jeudi. Et alors, la question qui vient à tout esprit normal est de savoir pourquoi, dans les mêmes conditions, avec la même nationalité, cet otage est mort là où Camatte a été libéré.
Oui, pourquoi l’un meurt et l’autre non ? Pourquoi une expédition punitive contre les ravisseurs de l’un et un ballet diplomatique qui a pris jusqu’au président Sarkozy pour l’autre? Kouchner n’a pas hésité à rendre notre président responsable de tout ce qui arriverait à Camatte. Rien de pareil pour le président mauritanien, devenu la star de la communauté internationale. C’est aux Français d’interroger leur président sur le double standard.
Et à nous d’inviter le nôtre à tirer les leçons qui s’imposent désormais à lui. Et à nous en tant que nation. Car le message ambiant est limpide : le Mali n’a plus de droit à l’erreur.
Adam Thiam